« Il est impératif que les pays européens remettent en cause leurs politiques énergétiques »

L’invasion de l’Ukraine a rompu la sécurité d’approvisionnement de l’Europe, mais elle n’est pas le seul facteur d’augmentation des prix, explique l’expert de l’énergie Olivier Appert dans une tribune au « Monde ».

Publié le 04 mars 2022

Tribune. L’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février, est un défi énergétique majeur, en particulier pour les pays européens. Les marchés ont immédiatement réagi : le prix du pétrole a dépassé la barre symbolique des 100 dollars (90 euros) le baril, alors que le prix du gaz en Europe a augmenté de 30 %.

La Russie possède 6,4 % des réserves mondiales de pétrole et 17,3 % des réserves de gaz. Elle est le troisième producteur de pétrole et le premier exportateur de gaz. Elle fournit 23 % des importations européennes de pétrole, 46 % des importations de gaz et 60 % des importations de charbon. Certains pays dépendent entièrement de la Russie, comme la Lettonie ou la République tchèque. L’Allemagne, premier pays consommateur de gaz en Europe, en importe 50 % de Russie et mise sur le gaz naturel pour assurer sa transition énergétique. La France est moins dépendante (17 %), grâce à une politique de diversification des approvisionnements, notamment avec le gaz naturel liquéfié (GNL).

En retour, la Russie est très dépendante de ses exportations vers l’Europe. Celle-ci absorbe environ 90 % de ses exportations de gaz. Les exportations d’hydrocarbures ont une importance majeure pour l’économie russe : elles représentent 25 % du produit intérieur brut du pays, 40 % de ses recettes budgétaires et 57 % de ses exportations.

Cette dépendance réciproque entre la Russie et l’Europe a contribué, pendant des décennies, à la sécurité de l’approvisionnement européen. La seule rupture à déplorer, en 2006, était due à un conflit commercial sur le transit du gaz russe en Ukraine.

Incertitude majeure

Le contexte actuel change radicalement la donne. L’invasion de l’Ukraine intervient à un moment où les marchés pétroliers et gaziers sont déjà en tension. La flambée des prix du gaz et de l’électricité en Europe est liée d’abord à des facteurs conjoncturels, mais aussi à la politique de libéralisation des marchés gaziers, qui accorde une primauté au court terme. Par ailleurs, les investissements ont été limités par le manque d’incitation du cadre réglementaire et par le message politique négatif sur les énergies fossiles.

Le marché pétrolier va connaître une tension croissante dans les toutes prochaines années non en raison de l’absence de ressources, mais de l’insuffisance des investissements alors que la demande mondiale continue toujours de croître. Il s’ensuit une montée en puissance du contrôle du marché par les pays producteurs, dont la Russie, avec les enjeux géopolitiques afférents. La hausse des prix du pétrole devrait se poursuivre dans le cadre d’un choc pétrolier rampant. On ne peut pas exclure non plus un choc violent lié aux tensions au Moyen-Orient ou en Ukraine.

L’économie de l’Europe serait particulièrement impactée par une tension durable des marchés, compte tenu de sa dépendance croissante vis-à-vis des importations. Il n’en est pas de même des Etats-Unis, maintenant autosuffisants grâce notamment à leurs ressources en hydrocarbures non conventionnels. La Chine dispose, elle, de moyens financiers importants et de ressources en charbon qu’elle n’hésiterait pas à mobiliser si nécessaire.

Compte tenu de l’incertitude majeure sur le déroulement du conflit entre la Russie et l’Ukraine, il est hasardeux d’élaborer des scénarios. Il y a cependant une certitude : l’Europe ne pourra plus compter durablement sur la Russie pour assurer la sécurité de ses approvisionnements, comme cela a été le cas depuis cinquante ans. Sur le plan pétrolier, il est vraisemblable que la Russie va jouer pleinement le jeu de l’OPEP + pour maintenir des prix élevés. Sur le plan gazier, la Russie continuera à faire le service minimum, comme elle l’a fait en 2021 ; elle accordera une priorité à sa consommation intérieure. En outre, les livraisons à l’Europe pourraient être réduites par des destructions sur la chaîne logistique gazière en Ukraine.

Rupture de confiance

On ne peut pas exclure un scénario catastrophe de rupture totale des livraisons de pétrole et de gaz russe à l’Europe, qu’elle résulte d’une décision unilatérale de la Russie ou d’un embargo décidé par les pays occidentaux. Une telle mesure aurait un impact minime sur les Etats-Unis, mais serait dramatique pour l’Europe. Les conséquences sur l’économie russe seraient limitées par la flambée des prix qui interviendrait immédiatement. Le marché pétrolier présente assez de souplesses pour pouvoir s’adapter à cette situation, mais cela prendrait quelques mois.

Il n’en est pas de même pour le gaz. En effet, l’Europe n’a actuellement aucune solution de remplacement immédiate si les importations de gaz russe devaient cesser. Le 1er février, le Qatar, en réponse à une demande pressante de Joe Biden d’aider l’Europe, avait expliqué qu’il ne pourrait pas compenser à lui seul un volume d’approvisionnement suffisant. Pour renforcer les importations de gaz liquéfié américain, il faudrait construire de nombreux terminaux de regazéification, ce qui prendrait au minimum deux à trois ans. La seule solution envisageable serait de faire fonctionner la solidarité entre consommateurs de GNL mondiaux, comme cela a été le cas après l’accident de Fukushima. Mais même si cette solidarité fonctionnait à plein, elle serait insuffisante pour compenser le gaz russe.

En tout état de cause, la confiance entre l’Europe et la Russie est durablement rompue. Il est impératif que les pays européens, et en particulier l’Allemagne, se livrent à une remise en cause en profondeur de leurs politiques énergétiques afin de garantir au mieux la sécurité des approvisionnements et la résilience de notre économie dans ce nouveau contexte géopolitique. Cela implique une stratégie claire de limitation de la demande et de sensibilisation des consommateurs sur les économies d’énergie, mais aussi de développement du nucléaire et des énergies renouvelables (en particulier le gaz vert), et vraisemblablement de maintien du charbon. Les Européens vont devoir s’adapter à des prix plus élevés de l’énergie.

Lire l’article original sur le site du Monde.

Lionel Zinsou : « S’il perdure, le conflit Russie – Ukraine sera un tsunami pour l’Afrique et le monde »

Michel Taube

La guerre entre l’Ukraine et la Russie est loin d’être qu’une crise européenne.

La crise financière mondiale de 2008 avait entraîné des émeutes de la faim dans toute l’Afrique. On l’a oublié. C ‘est ce que rappelait Lionel Zinsou, ancien Premier Ministre du Bénin et éminent expert (et acteur !) financier international franco-béninois, devant le Cercle des nouveaux mondes, dirigé par Jean-Pierre Loubinoux, Fadila Palmer et Jean-Pierre Maureau , et composé d’éminentes personnalités comme, entre autres, Ghislaine Alajouanine, familière des lecteurs d’Opinion Internationale, et Christian de Boissieu.

Ajoutons-y notre conviction que les printemps et séismes que le monde arabe a connus deux ans plus tard doivent peut-être beaucoup à l’affaiblissement de régimes frappés par les dommages collatéraux de cette même crise de 2008.

Or, ajoutait Lionel Zinsou sous les dorures apaisantes du Cercle de l’Union Interalliée, si le conflit qui oppose aujourd’hui la Russie à l’Ukraine, deux greniers à grains de l’Afrique et de l’Europe, se prolonge au-delà d’un mois, ses effets seront dévastateurs pour toute l’Afrique, déjà fragilisée (malgré sa résilience remarquable) par la crise de la Covid.

Explosion des prix des matières premières, rupture des sources d’approvisionnement en produits alimentaires de base, détournement de l’attention portée aux enjeux africains… C’est un cocktail explosif qui s’annonce si les grands de ce monde ne parviennent pas rapidement à un accord diplomatique.

Lire l’article original sur le site d’Opinion Internationale.

Germany Awakens

By launching its brutal and unprovoked invasion of Ukraine and threatening the West with nuclear escalation, Russia has shaken the very foundations of the postwar order – and jolted Germany from its dream of effecting change through trade. But can Germany’s resolve withstand the economic pain to come?

MADRID – Russian President Vladimir Putin’s barbaric war on Ukraine seems to have awakened Germany from its post-Cold War slumber, with a dramatic shift in foreign and defense policy indicating a newfound recognition of Russia’s unreliability as a partner and the broader security challenges Europe faces. But can Germany’s tougher approach withstand a painful and protracted crisis, or will accommodationist voices regain traction, urging acceptance of the realities on the ground?

There is no doubting the resoluteness of Germany’s response to the Russian invasion. Beyond halting the Nord Stream 2 gas pipeline project, Chancellor Olaf Scholz has announced a €100 billion ($109 billion) increase in defense spending this year and agreed to send weapons – not just helmets – to Ukrainian fighters.

Moreover, Germany has participated in the imposition of sweeping Western sanctions aimed at isolating Russia and inflicting maximum economic pain. More fundamentally, Germany seems finally to have abandoned its long-held belief that dialogue is the only way to deal with the Kremlin.

Germany’s newfound mettle, which has been welcomed across Europe, was by no means guaranteed. For decades, Germany’s approach to geopolitics had emphasized rapprochement and economic engagement, with its Russia policy representing a kind of misguided continuation of the Federal Republic’s Cold War-era Ostpolitik. This persisted through Russia’s invasion of Georgia in 2008, its downing in 2014 of MH-17, a passenger flight passing over eastern Ukraine, and the Kremlin’s poisoning of political opponents like Alexei Navalny, who recovered from a nerve-agent attack in a German hospital.

Germany was not alone in taking a soft-handed approach to Russia. The United Kingdom has continually – and willingly – attracted Russian oligarchs’ dark money. In this sense, Britain’s sanctioning of oligarchs like Roman Abramovich also represents a notable shift.

But, historically, Germany has been at the center of Europe’s political tangles. This was often for the worse: Germany repeatedly disrupted Europe’s balance of power, leading to conflict and unparalleled bloodshed, culminating in World War II. But with the 1951 creation of the European Coal and Steel Community, which bound together Germany and France, the country’s role was transformed.

From Chancellor Konrad Adenauer’s tenure in the 1950s and early 1960s through Chancellor Helmut Kohl’s in the 1980s and 1990s, it was said that Germany would find its interests in the interests of the European project. Integration was the only conceivable path to a sustainable and lasting European peace, and Germany was essential to achieving that goal.

After reunification in 1990, Germany leveraged its economic strength and prowess to assume a unique convening power in Europe, which enabled it to define the EU’s agenda – and, thus, trajectory – for decades.

But Germany’s leadership was always selective. It used its influence – enhanced by an EU presidency – to press for the completion of an EU-China investment agreement just a month ahead of US President Joe Biden’s inauguration last year. (That deal is now in limbo, unlikely to be ratified by the European Parliament any time soon.) Germany also pushed forward Nord Stream 2, despite its allies’ concerns.

However, in areas that drew less German interest, such as banking union, the EU was left largely directionless. This dynamic is what prompted former Polish Foreign Minister Radosław Sikorski to declare in 2011 that he feared Germany’s power less than its inactivity. In fact, Germany’s selective leadership prevented the EU from forging ahead strategically and left it reliant on former Chancellor Angela Merkel’s personal mediation, which ended when her 16-year tenure did.

In this sense, Putin has done the West a favor. By launching a brutal and unprovoked invasion of Ukraine and threatening the West with nuclear escalation, he has shaken the very foundations of the postwar order – and jolted Germany out of its dream of Wandel durch Handel (change through commerce). If recent policy changes are any indication, a more comprehensive and strategic form of German leadership could emerge.

But the Western countries imposing costs on Russia will also face high costs, from low growth to skyrocketing energy bills. The post-pandemic recovery could be all but wiped out in much of Europe. Over time, this – together with the existential dread generated by Putin’s wanton nuclear threats – could generate significant pressure on European leaders to pursue normalization of relations with Russia and even greater accommodation of it. Germany’s coalition government will be no exception.

Putin would view any such shift as yet another demonstration of Western weakness, all but inviting him to pursue ever-bolder gambits. That is why the West, with Germany as a central player, must stand firm in defending its values and opposing Russia’s illegal aggression, despite the costs. Otherwise, sooner or later, we will find ourselves once again living in a world where, as the Athenian historian Thucydides famously put it, “the strong do what they can, and the weak suffer what they must.”

Read the original article on the site of Project Syndicate.

Russian demands to ease sanctions halt nuclear talks with Iran

By Steven Erlanger New York Times, Updated March 11, 2022

Iranian Foreign Minister Hossein Amir-Abdollahian told Iranian media Monday that Iran “will not allow any external factor to impact the national interests for removal of the sanctions.”

Iranian Foreign Minister Hossein Amir-Abdollahian told Iranian media Monday that Iran “will not allow any external factor to impact the national interests for removal of the sanctions.”ATTA KENARE/PHOTOGRAPHER: ATTA KENARE/AFP

BRUSSELS — Russian demands that a revised nuclear agreement with Iran shield it from sanctions halted efforts to revive the deal Friday, just as negotiators said they had all but finalized it.

Russia, facing a barrage of economic sanctions in response to its invasion of Ukraine, has taken its fight against those sanctions into the nuclear talks with Iran, effectively holding up the nuclear agreement as leverage.

The Russian demands have now severely complicated efforts to revive the nuclear deal, which places limits on Iran’s nuclear program in exchange for lifting sanctions against Iran.

At the least, the breakdown in talks Friday delays any prospect of a deal, as well as the possible resumption of Iran’s ability to sell oil on the world market.

The current US sanctions against Iran strictly limit its ability to sell oil, and Western countries had hoped that an agreement to lift those sanctions would ease the pressure on soaring energy prices as many countries have cut off imports of Russian energy.

European officials also worried that the Russian move would scuttle prospects for the deal entirely, allowing Iran to continue to enrich uranium and move closer to the ability to build a nuclear bomb.

Josep Borrell Fontelles, foreign policy chief of the European Union, which chairs the talks in Vienna, confirmed what he described as a “pause” in the talks “due to external factors.”

“A final text is essentially ready and on the table,” he said in a Twitter message, adding that he would continue to work with negotiators to “overcome the current situation and to close the agreement.”

But Russia, as a signatory to the 2015 nuclear agreement, has tried to use its final approval of the revived Iran deal to open a loophole in the sanctions levied against it since it invaded Ukraine last month.

Russia’s foreign minister, Sergey Lavrov, said Saturday that he wanted a written guarantee that sanctions “launched by the US will not in any way harm our right to free, fully fledged trade and economic and investment cooperation and military-technical cooperation with Iran.”

After a call between Lavrov and his Iranian counterpart, Hossein Amir-Abdollahian, Russia said a restored nuclear deal must “ensure that all its participants have equal rights” to develop “cooperation in all areas” with Iran.

The demand has tangled the Ukraine war with the Iran nuclear talks, two pressing issues that American officials insist are separate.

The sanctions imposed on Russia after the invasion, said Secretary of State Antony Blinken, “have nothing to do with the Iran nuclear deal.” He said they “just are not in any way linked together, so I think that’s irrelevant.”

American and Iranian officials are both eager to renew the deal: Iran desperately needs the lifting of sanctions that have crippled its economy, while the United States wants to restore the original deal’s limits on Iran’s ability to enrich uranium.

The parties have been negotiating for 11 months to try to restore the deal, which broke down when the Trump administration withdrew from the agreement in 2018. The Trump administration then applied a raft of new sanctions against Iran, and Iran began increasing its enrichment of uranium.

Iran has always denied it intends to build a nuclear weapon, but it is now considered to be within just several weeks of creating enough highly enriched uranium to create a bomb, even though it would take many more months to weaponize it.

Iran has criticized the new Russian demands. Amir-Abdollahian told Iranian media Monday that Iran “will not allow any external factor to impact the national interests for removal of the sanctions.”

The spokesman for Iran’s Foreign Ministry, Saeed Khatibzadeh, insisted Friday that “no external factor will affect our joint will to go forward for a collective agreement.” He expressed the hope that the pause could provide “momentum for resolving any remaining issues and a final return” to the deal.

On Tuesday, Britain, France, and Germany urged the completion of the deal. “The window of opportunity is closing,” they said in a statement. “We call on all sides to make the decisions necessary to close this deal now, and on Russia not to add extraneous conditions to its conclusion.’’

But Russia’s intentions are not yet entirely clear.

If Moscow wants guarantees limited to its obligations under the nuclear deal, that can be managed, officials say. If the Russian demand is broader, and includes exemptions from Western financial and trade sanctions, the deal could die.

While Russia is a member of the pact, its approval of a restored deal may not be legally necessary. But China and Iran may not want to proceed without it, and Russia remains a member of the commission that oversees compliance.

Though the deal is not dead yet, Iran analyst Trita Parsi wrote in the journal Responsible Statecraft, “Moscow does have the ability to harm the United States by delaying the agreement at a crucial point of Washington’s vulnerability to high oil prices. It may also have the ability to pull the plug on the agreement.

“It remains unclear, however,” he added, “if the Russian objective is to delay the deal to undermine the West’s efforts to pressure Russia over Ukraine or to completely scuttle the deal.”

Read the original article on the site of the Boston Globe.

From War of Choice to War of Perseverance

What could make the situation in Ukraine more ripe for a peaceful resolution? There are three potential sources of pressure that could be brought to bear on Russian President Vladimir Putin, but none is likely to induce him to negotiate seriously.

NEW YORK – “Ripeness is all,” noted Edgar in Shakespeare’s King Lear. When it comes to negotiations to limit or end international conflicts, he is right: agreements emerge only when the leading protagonists are willing to compromise and are then able to commit their respective governments to implement the accord.

This truth is highly relevant to any attempt to end the war between Russia and Ukraine through diplomacy. Ukrainian President Volodymyr Zelensky has any number of reasons to end a conflict that has already killed thousands of his citizens, destroyed large parts of several major cities, rendered millions homeless, and devastated Ukraine’s economy. And his standing has grown by the hour, giving him the political strength to make peace – not at any price, but at some price.

Already, there are signs he might be willing to compromise on NATO membership. He would not recognize Crimea as being part of Russia, but it might be possible for him to accept that the two governments agree to disagree on its status, much as the United States and China have done for a half-century concerning Taiwan. Similarly, he would not recognize the independence of the Donetsk and Luhansk “people’s republics,” but he could sign on to their being given significant autonomy.

The question is whether even this would be enough for Russian President Vladimir Putin, who has demanded the “de-Nazification” of Ukraine, a phrase that seems to call for regime change, as well as the country’s total demilitarization. Given that he has questioned whether Ukraine is a “real” country, it is hard to avoid the conclusion that he remains uninterested in coexisting with a legitimate government of a sovereign, independent state. So far, Putin has demonstrated he is more interested in making a point than in making a deal.

What could change this? What could make the situation riper for a negotiated solution? That is actually the purpose of the West’s policy: to raise the military and economic costs of prosecuting the war so high that Putin will decide that it is in his interest (he clearly cares little about the interests of Russia) to negotiate a ceasefire and accept terms that would bring peace. Again, this seems unlikely, if only because Putin almost certainly fears it would be interpreted as a sign of weakness, encouraging resistance to his continued rule.

Alternatively, he could be pressured to negotiate. In principle such pressure could come from below – a Russian version of “people power” in which the security services are overwhelmed, much as they were in Iran in the late 1970s. Or pressure could come from the side, from the few others who wield power in today’s Russia and could decide that they must act before Putin destroys more of Russia’s future than he already has. The former does not seem to be in the offing, given mass arrests and control of information, and there is simply no way of knowing if the latter might happen until it does.

The one other party that could put pressure on Putin to compromise is China and its president, Xi Jinping. True, China has publicly cast its lot with Putin, blaming the US for the crisis and even amplifying Russian conspiracy theories. Xi might have calculated that it is good for China to have the US preoccupied with the threat from Russia rather than focused on Asia. Xi also likely sees little or no upside in edging toward the US position, given bipartisan support in the US for a tough policy toward his country.

At the same time, Xi cannot be happy that Putin’s invasion violates a basic tenet of Chinese foreign policy, namely, to view sovereignty as absolute and not to interfere in other countries’ internal affairs. Instead of dividing the West, Putin has united it to an extent unseen since the collapse of the Soviet Union, while simultaneously contributing to worsening views of China in Europe. Nor can Xi welcome the risks the Ukraine crisis poses at a time when China’s post-pandemic economic recovery remains fragile and he is seeking an unprecedented third term in power.

While the chances of changing China’s calculus are low, efforts to do so should nonetheless be explored. As a first step, the US should reassure China that it stands by its one-China policy. US President Joe Biden’s administration could rescind the Trump-era tariffs, which have failed to induce any change in Chinese economic practices and have contributed to inflation at home. It could also signal its willingness to restart a regular strategic dialogue.

Most important, Chinese leaders should be made to understand that this is a defining moment for their country and its relationship with the US. If China continues to side with Putin, if it provides military, economic, or diplomatic support to Russia, it will face the prospect of economic sanctions and stricter technology controls in the short run and deep American enmity in the long run. In short, the US should make clear that the strategic costs for China of its alignment with Russia will far outweigh any benefits.

There is no way of knowing whether Xi will elect to reorient his stance, and if he did, whether it would cause Putin to approach negotiations in good faith. Without China’s support, though, Putin would be even more vulnerable that he already is.

For now, a negotiated peace remains a long shot. There is no evidence that battlefield losses, the costs of sanctions, or internal protest will deter Putin from continuing his efforts to raze Ukraine’s cities, crush its spirit, and oust its government. Meanwhile, the people, army, and leadership of Ukraine, backed by the West, continue to demonstrate extraordinary resilience. An unwarranted war of choice is morphing into an open-ended war of perseverance.

Read the original article on the site of Project Syndicate.

Jean-Claude Trichet: Former ECB Officials Clash on Whether Surprise Move Was Needed

Former European Central Bank President Jean-Claude Trichet reacts to the ECB’s decision to accelerate its wind-down of monetary stimulus. He speaks with Bloomberg’s Guy Johnson and Kailey Leinz on “BloombergMarkets: European Close.”

Two top former European Central Bank officials disagreed on whether the institution was right to unveil a speedier withdrawal of monetary stimulus as war rages across the currency bloc’s border.

Speaking on Bloomberg Television after Thursday’s ECB meeting, former chief economist Peter Praet said accelerating the reduction in net asset purchases amounted to “fine tuning” that was misinterpreted as a stronger message.

“I personally would not have given that signal,” Praet said.

Ex-ECB President Jean-Claude Trichet, meanwhile, said the sharp upward revision to inflation forecasts that accompanied the policy announcement meant officials had to do something to anchor price expectations. 

“You cannot have a central bank immobile when you have a level of core inflation at 2.7%,” he said. “If they had done nothing, it seems to me that they would have taken some risks.”

The difference of opinion mirrored tensions between current Governing Council members as they grapple with the need to protect the euro-area economy from the impact of Russia’s invasion while containing the quickest inflation since the common currency’s creation.

ECB President Christine Lagarde said some of her colleagues wanted to keep all policy settings on hold, given the heightened uncertainty. Others, she said, called for a more forceful commitment to end stimulus.

While Lagarde described the outcome as “balanced,” it still caught markets off-guard, sparking a selloff in bonds and volatility for the euro.

“It was naive to think that the ECB would do nothing when the inflation projections were augmenting quite considerably,” Trichet said. 

Read the original article on the site of Bloomberg.

Kemal Dervis: Will Ukraine’s tragedy spur UN Security Council reform?

The war in Ukraine has once again shown that the veto power wielded by the United Nations Security Council’s five permanent members is a major obstacle to peace. Introducing a mechanism for overturning permanent members’ vetoes would make the body much more legitimate and effective.

WASHINGTON, DC – Russia’s invasion of Ukraine has exposed many grave weaknesses in the international order. One prominent flaw that needs addressing concerns the United Nations Security Council and its role in overseeing the multilateral system. Specifically, and underscoring a point we highlighted in our essay in a recent Brookings Institution report, the war in Ukraine has once again shown the veto power of the Security Council’s five permanent members to be a major stumbling block to peace.

Chapter I, Article 1 of the UN Charter, which was drafted following the devastation of World War II, states that the UN’s first purpose is to maintain international peace and security. To that end, the organization aims to prevent threats to peace, suppress acts of aggression, and bring about peaceful settlement of international disputes. Chapters VI and VII of the Charter entrust this core mission to the Security Council.

But the absolute veto power granted by Article 27 to each of the Council’s permanent members (the P5, comprising China, France, Russia, the United Kingdom, and the United States) has from the beginning been a key obstacle to the body’s fulfillment of its mission. That is because the P5 have almost always been divided into rival geopolitical blocs, with a member of one bloc – mostly either the Soviet Union (and now its heir, Russia) or the US – exercising its veto on many crucial decisions.

Russia’s savage blitz on Ukraine is a stark reminder of the Security Council’s impotence when the interests of one or more of the P5 conflict with those of the other members. After WWII, optimists hoped that a threat to security would lead the Security Council initially to impose comprehensive binding economic sanctions in order to deter aggression and encourage peaceful conflict resolution.

But in the current Ukraine conflict, Russia’s Security Council veto means that the US and its allies can impose sanctions only through a “coalition of the willing.” True, the large number of countries and the extraterritorial reach of the dollar-based payments system gives US-imposed sanctions tremendous clout. Yet, in this case as in others, a Security Council-enforced system of global sanctions would be even more debilitating to the sanctioned economy.

Moreover, the emerging role of digital money and changes in the international monetary system that it might bring about could soon diminish the dollar’s role and reduce what a US-led coalition of the willing can achieve. And in other cases, such as former US President Donald Trump’s 2018 decision to reimpose harsh economic sanctions against Iran, the dollar’s extraterritorial reach has generated considerable resentment even among US allies.

Finally, while much of the world is currently rallying around the US-led coalition of democracies in the face of blatant Russian aggression against Ukraine, unfortunately we cannot rule out the possibility that a future Trump or Trump-like administration in the US does something that could potentially make its Security Council veto a problem for much of the democratic world.

The fact that an increasingly illegitimate and ineffective Security Council lies at the heart of today’s multilateral system is all the more unfortunate given the growing range of threats to peace and security. These include not only conventional acts of aggression of the sort the world is witnessing in Ukraine – and which could yet escalate to nuclear exchanges – but also other security threats posed by new technologies.

For example, state or non-state actors could cause havoc through devastating cyberattacks or the abuse of artificial intelligence. Synthetic viruses even more deadly than the coronavirus that caused COVID-19 could inflict unspeakable harm, whether through bioterror or bio-error. And climate change is a threat to all of humanity that must be on a reformed Security Council’s radar screen. Tight and universally binding regulations are urgently needed in all of these domains.

We therefore advocate radically changing the way the Security Council operates, by introducing the possibility of overturning a permanent member’s veto. This could be done by adding a clause to Article 27 that would allow a large double majority – representing, for example, at least two-thirds of member countries and two-thirds of the world’s population – to override a veto.

Our proposal would be vetoed today by Russia and probably China – and perhaps also by the three democracies among the P5, including the US. But a large majority of countries would likely support it. In fact, this is an ideal time for the world’s democracies, including the US, to propose such a change. By backing it, President Joe Biden’s administration could seize the moment and show its determination to create a more equitable and inclusive multilateral system. This would send a powerful – and widely welcomed – message that the US is confident that its enlightened national self-interest will be in accord with the interests of a large majority of the world’s countries and people.

At first, such a proposal would be unlikely to get sufficient backing in the US Congress. But every crisis contains an opportunity. A scheme as outlined above could spur support for reform in the US and other democracies among all who are concerned about old and new threats to human security.

With peace increasingly at risk, the Security Council could play a much greater role in mitigating dangers. Let us hope that Russia’s aggression against Ukraine triggers a radical change that makes the body more legitimate and effective.

Read the original article on the site Project Syndicate.

Beyond the Ukraine war

Prince Michael of Liechtenstein at 2015 WPC

Whatever the outcome of the war in Ukraine, eventually the West, and especially Europe, will have to learn to live with Russia, finding a path forward based on mutual respect.

Ukraine on the “grand chessboard”
Ukraine has become a strategic piece on the “grand chessboard” of geopolitics. © GIS

An unfortunate fate has befallen Ukraine. On one hand, it has become a bargaining chip in a larger security confrontation between Russia and NATO. On the other, the Kremlin considers the country an essential part of Russian identity.

Now, Russian troops have invaded Ukraine. The outcome of this conflict remains uncertain. The Ukrainians’ bravery in their resistance deserves our admiration and support, and we must acknowledge that Russia’s aggression has had a unifying effect on Western and Central Europe. Still, it is necessary to analyze the situation with a cool head and look beyond the war.

Misconceptions abound

The dominant view in the West is that the blame lies with Russian President Vladimir Putin’s megalomania and hunger for power. There is even widespread speculation that he has gone mad. But this may not be the case, since it appears that the broader Russian public still shares President Putin’s views.

Some in the West think the best way to live with Russia is to change it. This is arrogant and strengthens Russian assertiveness.

In Russia, the official narrative is that NATO – in reality, a defensive alliance – is acting aggressively. The regime offers the bombing of Belgrade in the 1990s as an example that the North Atlantic alliance frequently behaves this way. Russia worries about the security of its long borders, which stretch thousands of miles, as well as about foreign intervention in its internal affairs. In Russia, Western culture and some of its values are widely considered decadent. Russia wants to avoid being forced to apply the West’s systems.

This is important to understand. There is an attitude in the West that the best way to live with Russia is to change it, to have it implement Western standards of governance and values. This is a dangerous preconception: it is arrogant and strengthens Russian assertiveness. Another view is that a change in Russian leadership would be advantageous and allow for a better relationship. This may also be a shortsighted misconception.

Living with Russia

Taking a neutral view, we can see revisionist behavior on the Russian side, justified by the pretext of national security. On the Western side, we can see a missionary-like drive to enforce certain “values” that might not be accepted by the Russian people.

What can be done in the short and long term? Certainly, the bloodshed in Ukraine has to be stopped without Ukrainian capitulation. Terms need to be carved out. Most European countries have acted decisively, although some, such as Germany, were very late in doing so. They are supporting Kyiv’s defense and President Zelenskiy, and putting pressure on Russia. Finally, the long-ignored need to improve European defense has become obvious.

We hope that Europe’s new assertiveness will prevail, allowing it to negotiate with Russia as an equal. This could also help Ukraine.

It is not certain that Russians are ready or willing to adopt what Europe claims are its values.

European countries need to live with Russia, which used to consider itself European. This history can be an advantage. However, it is not certain that Russians are ready or willing to adopt what Europe claims are its values. Their refusal to do so will need to be respected, and this understanding could, hopefully, be used as a foundation for forming a peaceful neighborhood and engaging in economic cooperation.

The North Atlantic partnership with the United States is crucial for Europe. It has protected European countries for close to 80 years. However Russia, a European and Asian power, is the Old Continent’s closest neighbor. The long-term objective must be an equitable relationship, ideally based on mutual respect.

Nevertheless, European countries need the means to ensure peace and the sovereignty of Russia’s neighbors. Respect also means that the West should not try to intervene in Russia’s internal matters. Yet Western and Central European countries also require a strong defense, to act as a deterrent against incursion.

Finding a deal

For now, Ukraine needs immediate help. Turkey is one country for which Ukraine’s independence is of utmost importance. Moscow is Ankara’s main rival in regional geopolitics and security. Ideally, Turkey would mediate discussions and help find an agreement on a new framework for security in Europe and the Black Sea. Creating such a framework is in the interest of all sides. The sole precondition should be an immediate cease-fire. (While demands for Russia to retreat are justified, they are also unrealistic.) The objective would be to protect the sovereignty of the countries from the Baltic Sea, through Ukraine to Georgia.

Such an agreement should not leave room for interpretation and guarantee Russia’s neighbors’ full sovereignty and their right to self-determination.

Investing in defense protects peace – it is not warmongering.

To ensure compliance, European countries would have to increase the size and effectiveness of their militaries. Germany, which over the past 20 years has irresponsibly neglected its defense, has begun to make up for lost time.

Like some before him, former U.S. National Security Adviser Zbigniew Brzezinski saw Eurasia as the great prize in geopolitics. He expounded upon this point in his 1997 book “The Grand Chessboard.” He argued that without Ukraine, Russia would cease to be a Eurasian empire. He pleaded for Ukraine to be admitted to NATO, but also appealed for the West not to corner Moscow. He excluded any possibility for Russia to join NATO, since it would shift the balance of power within the alliance, but he did propose a special partnership.

These are interesting proposals, especially from an American point of view. However, it also shows that Brzezinski, a visionary, saw ways to achieve a close, fruitful coexistence. On the other hand, he argued that to protect U.S. interests, Washington should not allow Western European countries’ relations with Russia to become too close. This position does not contradict the above vision for a Russia-West relationship that benefits both sides.

Now, determination and efforts to improve defense will be key for Europe. The Romans used to say that if you want peace, prepare for war. Switzerland and Sweden were the only two European countries to avoid major conflict in the 20th century, which saw both World Wars break out. These countries both had strong defenses, making it too costly to attack them.

Investing in defense protects peace – it is not warmongering, to the contrary of various political groups’ claims. Investing in a fire brigade does not mean you want a fire to break out.

Read the original article on the site of GIS.

La guerre en Ukraine coûtera à l’Europe 175 milliards d’euros

L’invasion de l’Ukraine par la Russie va profondément affecter les économies européennes. Dans une tribune à « l’Obs », Jean Pisani-Ferry, professeur de politique économique à Sciences-Po et chercheur du think tank européen Bruegel, analyse cet impact budgétaire en dix points.

Publié le 

1. La guerre [en Ukraine, NDLR] aggrave le choc d’offre auquel nos économies étaient déjà confrontées du fait de la hausse des prix de l’énergie. Pour la BCE [Banque centrale européenne], elle accentue le dilemme entre maîtrise de l’inflation et soutien de l’activité. Au-delà du soutien ciblé aux ménages vulnérables, cela justifie temporairement des mesures hétérodoxes de limitation de l’impact inflationniste de la hausse des prix des combustibles (fiscalité, suspension de la fixation du prix de l’électricité sur la base du prix de l’énergie marginale, contrôles des prix).

2. L’efficacité du blocage des réserves de change est aujourd’hui très grande (plus que celle de l’exclusion de Swift, qui touche moins de la moitié du système bancaire). Mais si la Russie continue d’exporter du pétrole et du gaz aux prix actuels, elle va rapidement reconstituer ses avoirs. Il ne sert à rien de s’attaquer au stock (les réserves) si l’on ne touche pas aux flux (les revenus d’exportation).

3. La question touche en particulier au gaz, dont l’exportation requiert des infrastructures. L’Union européenne et la Russie ont l’une et l’autre les moyens d’un chantage économique réciproque, mais l’UE peut plus facilement diversifier ses imports, tandis que la Russie ne peut pas diversifier ses exports.

4. L’Union doit préparer une réduction de ses importations de gaz russe. Il faudra, d’une part, limiter la demande de gaz (en retardant la fermeture de centrales, en freinant la consommation des ménages) et, d’autre part, organiser les approvisionnements alternatifs, leur stockage et leur acheminement. Il faut engager rapidement une initiative d’ampleur, étroitement coordonnée, et annoncer une réduction par étapes des importations de gaz russe. Cela demandera une forte prise en charge publique du coût de l’opération (pour quelque 75 milliards d’euros en 2022), et un effort de solidarité important entre pays européens.

5. A plus long terme, il faut repenser l’architecture d’un système énergétique européen qui a largement préservé les préférences nationales mais ne sert ni l’efficacité ni la sécurité collective. Cela suppose des investissements d’interconnexion, des surcapacités et la définition de plans de crise.

6. L’afflux de réfugiés n’est pas un problème pour le moyen terme (s’ils ne rentrent pas en Ukraine, ils s’intégreront rapidement au marché du travail) mais, à court terme, il faut s’attendre à plusieurs millions de réfugiés, avec un coût qui pourrait atteindre une trentaine de milliards d’euros en 2022.

7. L’annonce par l’Allemagne d’une augmentation du budget de la défense sera suivie par des initiatives parallèles dans les autres pays. Dans le périmètre de l’UE, il faudra sans doute 20 milliards d’euros de dépenses supplémentaires à court terme (cette année), et au bas mot 70 milliards d’euros (un demi-point de PIB) à moyen terme.

8. Au total, le coût budgétaire de ces mesures pourrait dépasser un point de PIB en 2022 (175 milliards d’euros dans le périmètre de l’Union européenne), réparti entre budgets nationaux et financement conjoint. L’UE va être contrainte de retarder la désactivation de la clause d’exemption du Pacte de stabilité.

9. A moyen terme, à l’investissement additionnel dans la dépense (au minimum un demi-point de PIB) va s’ajouter l’investissement vert (un demi-point de PIB aussi) et compliquer le rééquilibrage des finances publiques, dans un contexte où les marchés seront plus frileux, plus méfiants à l’égard des actifs européens, et plus inquiets sur les risques de solvabilité.

10. L’Union engage, dans la crise, sa réorientation vers la fourniture de biens publics européens. Dans l’immédiat, des flexibilités peuvent être trouvées. Cependant, il faudra très vite mettre en place un nouveau budget et un nouvel instrument inspiré de l’emprunt commun Next Generation EU (mais certainement moins redistributif).

Par Jean Pisani-Ferry
Lire la tribune sur le site de L’Obs.

Richard Haass: US expert suggests Russia’s invasion could affect global security

Monday, March 7

US expert suggests Russia's invasion could affect global security

Richard Haass, a US expert on diplomatic matters, has suggested that Russia’s invasion of Ukraine may have a global impact on security in an interview with NHK.

Haass is the president of the Council on Foreign Relations, an independent US think tank. He was formerly Director of Policy Planning at the State Department during the presidency of George W. Bush.

Haass said the world operates on certain principles or rules, and that the most basic rule is that borders and sovereignty ought to be respected. He said, “We ought not to try to change borders through the use of force,” adding that Russia is clearly violating this rule.

He then pointed out that if Russia can cross borders to enter neighboring countries, other nations may say they can also do that. He said, “if that begins to happen, then we’ve moved from a world of order to a world of anarchy, and I think that would be a disaster.”

One of the questions put to Haass was whether the Russian invasion would have an impact on the policy of US President Joe Biden, particularly with regard to the American position in Asia. Biden has described China as his country’s “most serious competitor.”

Haass said if the US has to do more in Europe in response to the crisis in Ukraine, countries such as Japan and Australia will have to do more as well. He pointed out that Japan spends just over 1 percent of its GDP on defense, describing this amount as “not enough.”

Read the original article on the site of NHK.

Guerre en Ukraine : « Pourquoi l’OIF est restée silencieuse »

Par Louise Mushikiwabo
Louise Mushikiwabo, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, en juin 2019 © Vincent FOURNIER/JA
Dans le concert quotidien des prises de positions depuis l’entrée le 24 février des troupes russes en Ukraine, manquait encore celle de Louise Mushikiwabo. Consciente de l’incompréhension que pourrait susciter la prolongation de ce silence, notamment auprès de certains pays membres, la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) prend la parole, en son nom. Et c’est à Jeune Afrique qu’elle a réservé la primeur de ses explications.

J’entends depuis quelques jours l’incompréhension de quelques États membres concernant mon silence face à la situation en Ukraine. Certains ont exprimé leur étonnement que la Francophonie, une organisation basée sur les valeurs de paix et de démocratie, n’ait pas encore pris position face à ce conflit entre la Russie et l’Ukraine, membre observateur de notre organisation.

Si je devais donner mon point de vue personnel, il serait bien entendu conforme à la position prise par plusieurs pays de notre espace, dont mon pays, le Rwanda, qui a donné sa signature au projet de résolution porté par l’Assemblée générale, demandant l’arrêt immédiat des combats.

JE NE PEUX QU’ÊTRE SENSIBLE AU SORT DES MILLIONS D’UKRAINIENS QUI SE RETROUVENT BRUTALEMENT EN SITUATION D’INSÉCURITÉ

Venant d’un pays qui a été tristement célèbre pour le plus grand nombre de réfugiés dans le monde depuis les années 60, un pays qui, abandonné par la communauté internationale, a connu le dernier génocide du XXe siècle, avec toutes ses conséquences dramatiques, tant sur le plan humanitaire qu’économique, je ne peux qu’être sensible au sort des millions d’Ukrainiens qui se retrouvent brutalement en situation d’insécurité.

Mais je suis aujourd’hui secrétaire générale d’une organisation qui regroupe 88 États et gouvernements membres, dont la position s’est exprimée différemment depuis le début du conflit. Notre organisation est une organisation dont le fonctionnement est basé sur le principe du consensus.

Le vote récent de la résolution de l’Assemblée générale a connu l’abstention d’une dizaine de pays membres de la Francophonie. Et je ne peux ignorer le fait que notre espace a, dans l’actualité récente, connu des conflits pour lesquels notre organisation n’a pris aucune position. L’exemple le plus récent est celui de l’Arménie, membre à part entière et qui assure actuellement la présidence du sommet, depuis 2018, et pour lequel la Francophonie n’a pas pris de position officielle lorsqu’il était menacé jusque dans sa survie.

J’AI SOUHAITÉ QUE LE SUJET SOIT MIS SUR LA TABLE DES DISCUSSIONS DES PROCHAINES RÉUNIONS DE NOS ÉTATS AFIN QU’ILS PUISSENT PRENDRE UNE POSITION FERME ET UNIE

Dans mon jugement en tant que représentante des États membres, dans leur totalité, je pense que nous avons besoin de cohérence institutionnelle ! Un élément-clé, dont nous ne pouvons nous passer alors que le monde, et le monde francophone en particulier, ne manquera pas d’être soumis à d’autres situations de conflits. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité que le sujet soit mis sur la table des discussions des prochaines réunions de nos États, dans les tous prochains jours, afin qu’ils puissent, dans l’esprit de consensus qui caractérise nos instances, prendre une position ferme et unie face à cette situation dont la gravité n’est plus à questionner. Un consensus que j’appelle de tous mes vœux !

Je conclus en adressant tout ma solidarité envers les populations ukrainiennes éprouvées et contraintes à l’exil, ainsi qu’envers tous les ressortissants étrangers, pris au piège d’un conflit qui les dépasse. J’en appelle à la solidarité internationale.

Lire l’article original sur le site de Jeune Afrique.

« La guerre en Ukraine a donné naissance à une Europe géopolitique »

Josep Borrell

Pendant des années, les Européens ont débattu de la manière de rendre l’Union européenne plus solide. Au cours de la semaine qui a suivi l’invasion russe, l’Union a sans doute avancé davantage sur cette voie qu’au cours de la décennie précédente, estime son haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Publié le 

Certaines semaines peuvent ressembler à des décennies, et la dernière a été l’une d’entre elles. Avec l’agression brutale de la Russie contre l’Ukraine, la tragédie de la guerre a fait son retour une fois de plus en Europe. Les forces russes bombardent des maisons, des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures civiles. La machine de propagande du Kremlin est poussée à l’extrême pour justifier l’injustifiable. Plus d’un million de personnes ont déjà fui les violences et d’autres suivront.

Les Ukrainiens, quant à eux, défendent héroïquement leur pays, galvanisés par l’action de leur président Volodymyr Zelensky. Face à l’escalade dans l’agression et aux prétentions absurdes du Kremlin qui nie leur identité nationale, les Ukrainiens ont fait preuve d’unité et de résilience. Coincé dans sa vision passéiste, le président russe Vladimir Poutine s’est sans doute convaincu que l’Ukraine lui revient pour réaliser son projet de « grande Russie ». Mais les Ukrainiens ont montré que c’est à eux que leur pays appartient, et qu’ils ont bien l’intention de lui donner un avenir européen.

L’Union européenne s’est mise en mouvement. Alors que certains s’attendaient à ce que nous tergiversions, nous divisions et tardions, nous avons agi à une vitesse record pour soutenir l’Ukraine, en brisant plusieurs tabous. Nous avons imposé des sanctions sans précédent aux oligarques liés au Kremlin et aux responsables de la guerre. Des mesures qui étaient impensables il y a quelques jours à peine – comme l’exclusion des principales banques russes du système Swift et le gel des avoirs de la Banque centrale russe – sont désormais en place. Et pour la première fois, l’Union européenne aide ses Etats membres qui fournissent des équipements militaires à l’Ukraine assiégée, en mobilisant 500 millions d’euros dans le cadre de la « facilité de soutien à la paix européenne ».

Nous avons pris ces décisions en concertation étroite avec nos partenaires extra-européens afin de leur assurer une efficacité maximale. Les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Canada, la Suisse, le Japon, Singapour et de nombreux autres pays se sont joints à nous pour adopter des sanctions sévères. L’indignation internationale contre la Russie se répercute jusque dans le sport et les arts. Une foule d’entreprises quitte le marché russe.

Pourtant, les nouvelles en provenance du terrain ont de quoi nous glacer d’horreur, et personne ne sait comment cette guerre va se terminer. Vladimir Poutine tentera d’excuser le bain de sang qu’il a déclenché en le décrivant comme le sous-produit inévitable d’un affrontement mythique entre l’Ouest et le Reste du monde, mais il ne convaincra quasiment personne. La grande majorité des pays et des peuples de la planète refusent un monde où un autocrate pourrait simplement s’emparer du territoire d’un voisin qu’il désire grâce à une agression militaire.

Le 2 mars, l’Assemblée générale des Nations unies a voté à une majorité écrasante – 141 pays – en faveur de la souveraineté de l’Ukraine, dénonçant les actions de la Russie comme une violation manifeste de la Charte des Nations unies et du droit international. Seuls quatre pays ont voté avec la Russie (et 35 autres se sont abstenus). Cette démonstration d’un large consensus mondial montre à quel point les dirigeants russes ont isolé leur pays. L’UE a travaillé d’arrache-pied pour obtenir ce résultat aux Nations unies et nous partageons le point de vue du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres : il faut maintenant stopper la violence et ouvrir la voie à la diplomatie.

Vote d’une résolution sur l’Ukraine par l’assemblée générale des Nations unies, le 2 mars 2022 à New York. (Seth Wenig/AP/SIPA)

Vote d’une résolution sur l’Ukraine par l’assemblée générale des Nations unies, le 2 mars 2022 à New York. (Seth Wenig/AP/SIPA)

Au cours de la semaine qui a suivi l’invasion russe, nous avons également assisté à la naissance tardive d’une Europe géopolitique. Pendant des années, les Européens ont débattu en effet de la manière de rendre l’Union européenne plus solide en lui donnant une unité de vues et les moyens de poursuivre ses objectifs politiques sur la scène mondiale. Au cours de la semaine écoulée, nous avons sans doute avancé davantage sur cette voie qu’au cours de toute la décennie précédente.

Il s’agit certes là d’une évolution positive, mais il reste encore beaucoup à faire. Nous devons tout d’abord, nous préparer à aider l’Ukraine et son peuple sur le long terme, dans leur intérêt comme dans le nôtre. Il n’y aura en effet plus de sécurité pour personne en Europe si nous laissons Poutine l’emporter. S’il n’y a plus de règles, nous serons tous en danger. C’est pourquoi nous devons veiller à ce que l’Ukraine libre survive. Et à cette fin, nous devons maintenir la porte ouverte vis-à-vis de la Russie pour qu’elle revienne à la raison et que la paix puisse être rétablie.

Deuxièmement, nous devons mesurer ce que cette guerre signifie pour la sécurité et la résilience de l’Europe de manière plus générale. Si on pense à la dimension énergétique, la réduction de notre dépendance à l’égard des importations en provenance de puissances autoritaires et agressives est un impératif stratégique majeur. Il est absurde que nous financions littéralement notre adversaire pour nous faire la guerre. L’invasion de l’Ukraine devrait donner un nouvel élan à notre transition énergétique. Chaque euro que nous investissons dans le développement des énergies renouvelables réduira notre vulnérabilité stratégique tout en contribuant à éviter un changement climatique catastrophique. Renforcer notre indépendance signifie également s’attaquer aux réseaux agressifs de désinformation de la Russie et s’en prendre à l’écosystème de trafic d’influence du Kremlin.

Troisièmement, dans un monde où la puissance domine, nous devons avoir la capacité de contraindre nos adversaires et de nous défendre. Oui, cela inclut les moyens militaires et nous devons les développer davantage. Mais l’essence de ce que l’UE a fait cette semaine a été d’utiliser tous les leviers politiques dont elle dispose – qui restent principalement de nature économique et réglementaire – comme instruments de puissance. Nous devrions poursuivre dans cette voie au cours des semaines à venir, en Ukraine mais aussi ailleurs, en cas de besoin.

La mission principale d’une « Europe géopolitique » est claire. Nous devons utiliser notre nouvelle capacité de mobilisation, d’abord pour garantir une Ukraine libre, et ensuite pour rétablir la paix et la sécurité sur tout notre continent.

Copyright : Project Syndicate, 2022.
www.project-syndicate.org

Lire l’article original sur le site de L’Obs.

How Europe can sustain sanctions against Russia

March 03 2022

Europe

RETHINKING: The Russia-Ukraine crisis will require rethinking how European countries allocate their budgets and govern key sectors, some of which are only loosely connected with defence and security.

By Ana Palacio, Silvia Merler, Francesco Nicoli And Simone Tagliapietra Madrid

Russian President Vladimir Putin’s decision to invade Ukraine is a dramatic wake-up call for Europe. The European Union can no longer be a passive player in global affairs. It must reinforce its own security structure within the broader context of Nato.
The Covid-19 crisis offers important lessons in this regard. The intuition behind Europe’s response to the pandemic was that a common, symmetric, external shock to economic policymaking called for common, internally coherent, and consensual solutions. This translated into a political agreement to create a centralised spending initiative financed with funds raised by the European Commission. The new Recovery and Resilience Facility provided EU member states with the means – including through fiscal transfers – to respond to the health crisis and its economic consequences.
In the face of Putin’s blitz, Europe urgently needs a similar mechanism to finance investment in its long-term safety, and to help member states bear the economic cost of enacting meaningful sanctions against Russia. The steps needed to secure Europe geopolitically will be costly, and they will go beyond simply supporting our ageing military forces.
Part of the cost will stem from the effects of sanctions, and part from the need to adapt to the new geopolitical environment. Not all EU members have enough fiscal capacity to absorb these costs. Some (such as Italy) have much higher levels of public debt, and others (such as Germany) are more exposed to the rebound effects of sanctions.
Moreover, no EU member can feasibly pursue rapid and full diversification away from Russian gas. As former Russian president Dmitri Medvedev has threatened, Europeans face the prospect of skyrocketing gas prices. And with Ukraine and Russia together accounting for almost 30% of global wheat exports, food also will be affected worldwide – a problem compounded by an increase in the price of fertilisers, of which Russia is a major producer.
The downside risks to the economy will therefore include new inflationary pressures on top of those associated with the post-pandemic reopening. Facing the spectre of stagflation, the European Central Bank may feel more pressure to tighten monetary policy. If so, the expectation of rate increases might in turn force some countries into fiscal tightening, which would render meaningful additional security spending all but impossible.
Nonetheless, a united Europe is needed now more than ever to maintain sufficiently severe sanctions against Russia, and to mitigate the short-term pain from Russian counter-sanctions. With European gas storage facilities still 30% full, and with the possibility of receiving additional liquefied natural gas (LNG), Europe can survive the winter even with an interruption of all Russian gas flows. But to manage this worst-case scenario, European countries will need to show solidarity by sharing scarce resources with those most in need, and by extending EU financial support to the most-affected countries.
After that, two more measures will be needed to ensure longer-term solidarity on energy issues. First, EU countries must (finally) build the gas interconnections that are needed to make the EU energy market more flexible and resilient to shocks. For example, pipelines connecting Spain and France would enable the rest of Europe to tap into Iberia’s large LNG infrastructure.
Second, EU countries must turn gas storage into a strategic asset. The companies that own storage sites should be required to fill them up ahead of winter, and EU member states should consider developing a regional strategic gas storage system like the US Strategic Petroleum Reserve.
Europe also needs to prepare itself to welcome war refugees. A mechanism will be needed for distributing potentially millions of refugees within the Union, and for supporting host countries financially. One possible blueprint is the EU’s Support to mitigate Unemployment Risks in an Emergency (SURE) initiative, which was rolled out during the pandemic to reinforce national social-security systems.
Moreover, Western companies and financial institutions hit hard by the effects of the war and new sanctions must not suffer liquidity crises. The Russian economy is likely to be abruptly disconnected from Western markets, and the Ukrainian economy will deteriorate fast. Many Western companies will be exposed to these developments and will need time and support to refocus their assets and business plans.
Europe’s response here should include activating new state aid exceptions under articles 107(3) and 109 of the Treaty on the Functioning of the European Union. But it must not stop there. As in the Covid-19 crisis, a straightforward suspension of the state-aid framework could produce a scenario in which rich countries are able to shield their markets much more than poorer countries can, undermining competition in the internal market. Europe therefore needs a facility to provide equal backing to all affected companies and financial institutions.
Finally, we cannot shy away from updating the ageing European military infrastructure. In the past, EU countries have benefited from joint military procurement on specific projects through the European Defence Agency. This approach now needs to be scaled up substantially and backed by common resources, with guidelines that all assets purchased be used to reform and modernise the national units participating in EU-level defence through EU Battlegroup or Nato assignments.
The Covid-19 Recovery and Resilience Facility was successful because it accounted for different interests in the name of fighting a common problem. It should now be augmented with a security facility to provide financial support for the difficult measures that will be needed to sustain a united front vis-à-vis Russia. In addition to loans to deal with short-term issues such as illiquidity, there should be common spending to finance structural adaptation over the medium term, especially to support defence spending, refugee resettlement, and the energy transition.
Accordingly, the facility should be financed with EU bonds, which should be eligible for purchase by the ECB – thus also serving as a much-needed EU safe asset.
The Russia-Ukraine crisis will require rethinking how European countries allocate their budgets and govern key sectors, some of which are only loosely connected with defence and security. This transition is not a choice, but rather a necessary response to dark times. — Project Syndicate

Read the original article on the site of Gulf Times.

Droits des femmes en Afrique : Aminata Touré réclame des moyens financiers

7 mars 2022

Une jeune fille arrive aux cours du soir dans le quartier de Ouakam, à Dakar, le 16 janvier 2019. © Zohra Bensemra/REUTERS

À l’occasion du 8 mars, l’ancien Premier ministre du Sénégal invite les dirigeants africains à oser délier les cordons de la bourse pour que les femmes deviennent de véritables actrices de l’émergence économique et sociale du continent.

Tous les ans, le 8 mars replace les femmes – la moitié du ciel – au cœur de l’actualité, pour cette seule et unique journée qui leur est internationalement dédiée. Une fois encore, gouvernants, médias et bien-pensants rappellent la place importante qu’elles occupent dans la société africaine, leur rôle central dans la famille, leur complémentarité indispensable à l’homme et tutti quanti.

Miser sur les femmes

Il va pourtant falloir accélérer la cadence de l’avancement de leurs droits, dans un contexte post-Covid qui révèle une gestion de la pandémie somme toute concluante, le continent n’ayant pas enregistré ces millions de morts que lui prédisaient de nombreux oiseaux de mauvaise augure. En effet, les gouvernements africains ont su mettre à profit leurs expérience et expertise vieilles de plusieurs décennies en matière de lutte contre les épidémies.

Il va falloir renforcer cette confiance en nous pour relancer au plus vite nos machines économiques et donner une nouvelle impulsion à notre développement durable. Pour ce faire, nos dirigeants devront miser sur les femmes en transformant encore plus vite leurs conditions de vie et en leur ouvrant toutes les opportunités qui feront d’elles de véritables actrices de l’émergence économique et sociale de notre continent.

Il est indéniable que les droits des femmes ont connu une progression importante durant ces dernières décennies, grâce au travail inlassable des associations et des mouvements féminins. Ils ont incontestablement fait évoluer les mentalités et influencé les États, qui ont davantage investi dans l’éducation des filles, la santé de la mère et de l’enfant, et ont favorisé l’implication des femmes dans les instances de décision avec des résultats tangibles.

EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE, LA MOYENNE RÉGIONALE DE FEMMES SIÉGEANT AU PARLEMENT EST DE 23,7 %

Au Sénégal, par exemple, depuis deux ans, une petite révolution passe inaperçue : pour le concours de l’entrée en classe de sixième consacrant la fin de l’école primaire et l’accès au collège d’éducation moyen secondaire, il y a eu plus de filles présentées à l’examen que de garçons.

Autre avancée : en dépit de fausses croyances,  la fécondité en Afrique est en baisse depuis trente ans : elle est passée de 6,6 à 4,5 enfants en moyenne par femme, avec des écarts importants suivant les régions – en Afrique australe et en Afrique du Nord notamment, la moyenne est de 3 enfants par femme. De plus, par rapport à 1990, dans le cadre des Objectifs du Millénaire pour le Développement, la mortalité des enfants de moins de 5 ans a été réduite de 50 % en 2015.

La représentation des femmes dans les instances de décision a aussi connu des progressions notables. En Afrique subsaharienne, la moyenne régionale de femmes siégeant au Parlement est de 23,7 %, avec des pays-champions comme le Rwanda (61,3%), l’Afrique du Sud (42,7%), la Namibie (46,2%) et le Sénégal (41,8%). Selon le rapport 2019 de la Commission du statut de la femme des Nations unies, par rapport à 2017, davantage de femmes africaines sont en charge de portefeuilles traditionnellement réservés aux hommes, comme ceux de la Défense, des Affaires étrangères et des Finances.

La preuve par … l’argent

Ces avancées sont certes appréciables mais il faut accélérer les changements stratégiques qui propulseront plus rapidement les Africaines dans l’ère de la modernité et de l’égalité. Pour cela, rien de mieux que la preuve par … l’argent. Les budgets nationaux devront être restructurés en vue d’établir des benchmarks traçables mettant en évidence les investissements particulièrement dédiés aux femmes dans les domaines-clé que sont la santé, l’éducation, l’emploi décent, l’accès aux ressources ou la participation effective aux sphères de décision.

Chaque ministère devra dévoiler devant les parlements qui votent le budget national les allocations budgétaires spécifiques consacrées à l’avancement des droits des femmes et des filles. Dans le domaine de la santé, il est important que des lignes budgétaires conséquentes soient consacrées aux programmes de santé de la reproduction afin d’en finir avec la mortalité maternelle et infantile qui, bien qu’en nette baisse, reste la plus forte au monde.

Priorité à l’éducation des filles

Dans de nombreux pays africains, l’accès aux contraceptifs relève encore du parcours du combattant, notamment pour les femmes rurales, sous-informées et éloignées de tout poste de santé.

IL EST URGENT QUE LES PAYS AFRICAINS ASSURENT LE FINANCEMENT SUR FONDS PROPRES DES STOCKS DE CONTRACEPTIFS

Les stocks de contraceptifs restent fortement dépendants des financements extérieurs. Par conséquent, il est urgent que les pays africains en assurent le financement sur fonds propres afin que les femmes du continent puissent choisir plus librement la taille de leur famille. L’éducation des filles doit être une priorité notamment pour ce qui concerne leur maintien dans le système scolaire secondaire et universitaire. Le financement d’internats féminins et de bourses d’études permet de donner plus de chance aux filles issues de milieux défavorisées.

Processus d’industrialisation

L’agriculture est le secteur qui occupe la majorité des travailleurs en Afrique ;  il est donc impératif  de renforcer le leadership des femmes par des allocations budgétaires spécifiques en vue du financement de programmes favorisant leur l’accès à la terre, aux matériels agricoles modernes et aux crédits bancaires pour développer des chaines de valeur agricoles.

LES ÉTATS DEVRONT FAIRE LE PARI DE TRANSFORMER CES MILLIERS D’ENTREPRENEUSES DU SECTEUR INFORMEL EN CAPITAINES D’INDUSTRIE

Dans le même élan, les Africaines devront être parties prenantes du processus d’industrialisation du continent. Les États devront faire le pari de transformer ces milliers d’entrepreneuses du secteur informel en capitaines d’industrie. Par exemple, les braves « nanas-benz » du marché de Cotonou,  oligarques de la vente et revente du textile importé, devraient passer à l’étape de chefs d’industrie de fabrication du textile.

En matière de participation aux instances de décision, il est temps que l’Union africaine consacre l’obligation de la parité absolue à tous les postes électifs et nominatifs. Ce ne serait que justice puisque nous sommes, hommes et femmes, égaux en droits et obligations, suivant les Constitutions que nous nous sommes choisies.

Lire l’article original sur le site de Jeune Afrique.

Pour un pacte de soutenabilité et de croissance

Un nouveau rapport destiné au commissaire à l’Economie Paolo Gentiloni, auquel Hélène Rey a participé, recommande une approche prudentielle pour les finances publiques face au risque climatique. La dette incorporerait les coûts liés au climat et la règle des 3 % de déficit n’inclurait pas les investissements liés à décarbonation.

Par Hélène Rey (professeure d’économie à la London Business School, chroniqueur aux « Echos »)

Publié le 3 mars 2022

Le nouvel avertissement du GIEC est passé presque inaperçu avec les horreurs de la guerre en Ukraine. Pourtant l’urgence climatique est plus présente que jamais et les perspectives de coopération internationale paraissent encore plus difficiles à atteindre. Notre inaction collective face à un risque climatique prévisible et dont on sait qu’il causera des dommages irréversibles est troublante. Elle n’est pas sans rappeler notre attitude passée envers les crises financières où, à de maintes reprises nous nous sommes refusés à payer des coûts modiques ex ante – comme imposer une régulation plus dure du système financier – pour éviter des crises financières qui ont été extrêmement dommageables ex post.

Nous avons attendu la crise dévastatrice de 2008, très coûteuse en particulier pour les finances publiques, avant de réformer notre système prudentiel et de prendre des mesures de prévention pour décroître les probabilités de futures crises. Bale III a probablement renchéri un peu le coût des opérations bancaires mais le renforcement des ratios prudentiels et la création d’autorités macroprudentielles auront surtout permis de diminuer les probabilités et coûts des crises financières futures.

Gérer de plus fréquentes catastrophes climatiques

Dans un nouveau rapport, auquel j’ai participé, pour le commissaire à l’Economie Paolo Gentiloni, nous proposons de faire la même chose dans le cadre des politiques budgétaires et recommandons une approche prudentielle pour les finances publiques face au risque climatique. Cette nouvelle approche pourrait sous-tendre une réforme du Pacte de stabilité et de croissance au niveau européen. Une approche prudentielle permettrait non seulement d’améliorer la soutenabilité des finances publiques des pays de l’Union européenne mais donnerait également des incitations aux Etats pour qu’ils agissent plus tôt, de manière préventive contre le changement climatique.

Une approche prudentielle permettrait d’améliorer la soutenabilité des finances publiques des pays de l’UE mais donnerait également des incitations aux Etats pour qu’ils agissent de manière préventive contre le changement climatique.

Les projections de la trajectoire des finances publiques sont basées sur des scénarios médians qui ne prennent pas en compte les futures crises, ou de façon très minimale. Ainsi, il n’y a pas d’estimations des dettes futures qui résulteraient des effets du changement climatique, bien que nous sachions d’ores et déjà que les dérèglements climatiques seront très coûteux et que ce coût se reflétera pour une large part par des augmentations de déficits publics. Il faudra gérer les catastrophes climatiques plus fréquentes par exemple et l’Etat est l’assureur de dernier ressort.

Puisque nous ignorons ces futurs coûts, nous n’avons pas d’incitation à agir maintenant pour les faire diminuer. Comme avec les crises financières, nous nous en trouverons bien plus endettés dans le futur.

Récompenser les pays qui mènent des actions préventives

Adopter une approche prudentielle des finances publiques consisterait à estimer les futurs coûts dus au climat en cohérence avec l’engagement de l’Etat français d’une neutralité carbone en 2050 et les valeurs du carbone correspondantes ; à estimer l’impact de ces coûts sur la dette ; à estimer le coût des investissements publics pour limiter le changement climatique ; à mettre en place une gouvernance qui tienne compte de ce nouveau concept de dette incluant les coûts du climat dans les analyses de soutenabilité, et qui récompense les pays cherchant à les faire diminuer par des actions préventives.

La dette incorporerait les coûts liés au climat et la règle des 3 % de déficit n’inclurait pas les investissements liés à décarbonation.

Concrètement, les estimations de gains potentiels en termes budgétaires dépendent en particulier de la valeur carbone , du rôle de l’Etat dans l’économie et du montant des gains revenant à chaque pays lorsque les émissions de gaz à effet de serre diminuent de façon globale. Ces gains sont plus importants lorsque le stock de gaz à effet de serre accumulé est élevé et si beaucoup de pays participent à la décarbonation, d’où l’intérêt d’une coordination au niveau européen.

En pratique, le Pacte de stabilité et de croissance devrait être remplacé par un pacte de soutenabilité et de croissance reflétant cette approche prudentielle. La dette incorporerait les coûts liés au climat et la règle des 3 % de déficit n’inclurait pas les investissements liés à décarbonation. La nature et le coût de ces investissements comme le calcul de la dette totale seraient évaluées par une instance indépendante.

Lire l’article original sur le site des Echos.

Serge Ekué – Président de la BOAD : « L’actualité nous pousse à faire les choses et à les faire vite »

We cannot let war in Ukraine derail HIV, TB and Covid-19 treatment in eastern Europe

Health must be a priority of the humanitarian response to this war

MICHEL KAZATCHKINE
8 March 2022

The conflct may threaten the supply of HIV and tuberculosis medicines CREDIT: ARIS MESSINIS /AFP

It is no surprise that the World Health Organization (WHO) is calling for oxygen and critical medical supplies to safely reach those who need them in Ukraine and moving to establish safe transit for shipments through Poland. But nor is the call new. We`ve been here before.
Russian annexation of Crimea and the conflict in the Donetsk and Luhansk oblasts of Eastern Ukraine in 2014 threatened the supply of HIV and tuberculosis medicines. Fragile trans-internal border eRorts and Snancing by the Global Fund to Fight Aids, Tuberculosis and Malaria allowed the continued supply of the medicines in the separatist territories despite the conFict during the last eight years.
One has to assume that should Russia occupy new Ukraine territories, the challenges to guarantee people living with tuberculosis and HIV access to those drugs will be just as great, high risk, if not already lost. The separatist authorities in the Donbass and the Russian administration in Crimea also abruptly stopped opioid agonist therapy (OAT) for people who inject drugs, which resulted in much suRering and deaths from overdose and suicide.
NGOs working with aRected communities in Donbass were basically closed down. Decades of Sghting HIV and tuberculosis have taught us just how critical civil society, community leadership and human rights are to ending those diseases.

The Russian Federation refuses to countenance OAT as a harm reduction measure to reduce the risk of HIV transmission through shared needles. Ukraine on the other hand, is a notable champion of harm reduction, including OAT and needle exchange programs.
This matters greatly in eastern Europe and central Asia which continues to be home to the fastest growing HIV epidemic in the world.
Some 1.6 million people are living with HIV in the region (with Russia accounting for 70 per cent) and around 146,000 are newly infected each year. Drug use accounts for around 50 per cent of new infections but unprotected sex is set to become the main driver in the coming years.

Ukraine, however, has been one on of the most successful countries in the region in terms of guaranteeing access to antiretroviral drugs – 146,500 people in the past year.
These gains were at risk before the war with Covid-19 restrictions seeing a drop in people testing by a quarter in 2020. The coming weeks and months of war will cause this eRort to collapse entirely.
Eastern Europe also remains the global epicentre of multi-drug resistant
tuberculosis globally. Despite progress in the last ten years, TB prevalence, mortality levels and particularly, incidence of multi-drug resistant tuberculosis remain high in Ukraine which has the second highest number of cases in the region.
Drug resistant tuberculosis represents around 279 per cent of new tuberculosis patients and 436 per cent of previously treated patients and treatment success of multi-drug resistant tuberculosis is around 50 per cent.
If Covid-19 halved case detection in 2020, it is not hard to imagine it being totally wiped out by the ongoing war.

As health systems collapse and treatment and prevention services are interrupted, mortality from HIV, tuberculosis, multi-drug resistant tuberculosis and Covid-19 will readily increase in Ukraine. Hundreds of thousands of people are internally displaced and cities such as Lviv are running short of medicines and medical supplies.
Scarily, the fallout of the invasion will also go beyond Ukraine: over a million refugees have already Fed for their lives. The impact of this will be felt across border towns and areas in central Europe whose response to tuberculosis, HIV and more recently Covid-19, has been fragile.
Border locations and neighboring countries will have to anticipate and address an avalanche of new health needs. We are at an impasse: international cooperation and solidarity towards the Eastern European region has not been a strong feature of the last two years of the global pandemic response.
The arrival of WHO health supplies and the formation of a safe corridor for refugees are fragments of good news in this unfolding tragedy, but we need so much more.
Health systems and facilities must be protected, be functional, safe and accessible to all who need essential medical services, and health workers must be protected.

Health must be a priority of the humanitarian response to this war. If not, we are at severe risk of losing the Sght in Eastern Europe against the world´s other pandemic, HIV, against the world´s second biggest infectious disease killer, tuberculosis, and of losing control over Covid-19.

Read the original article on the site of The Telegraph.

Thierry de Montbrial: «Ce qu’on peut redouter chez Poutine, c’est son hubris»

«Vis-à-vis de l’Otan, Poutine a la maîtrise des premiers barreaux d’une éventuelle escalade. Il pourrait saisir n’importe quel prétexte pour nous tester», estime Thierry de Montbrial. Crédit : BAHI pour l’IFRI

ENTRETIEN – Ce fin connaisseur des relations internationales insiste sur l’importance de maintenir le contact avec le maître du Kremlin qui a déclaré la guerre à l’Ukraine.

Le conflit ukrainien sera au cœur du sommet européen qui se tient à Versailles, ces jeudi et vendredi. La tragédie aura fait comprendre à l’Europe l’importance de prendre son destin en main, en mettant un peu de distance vis-à-vis des États-Unis, souligne Thierry de Montbrial, président de l’Institut français des relations internationales (Ifri). Également membre de l’Académie des sciences morales et politiques, il publie, dans la dernière revue trimestrielle de l’Ifri, titrée Europe, sorties de crises, un article intitulé: «La politique étrangère de la France: un cap pour les trente prochaines années».

LE FIGARO. – En attaquant par surprise l’Ukraine, que veut Poutine et jusqu’où peut-il aller? Est-il devenu un dictateur fou?

Thierry de MONTBRIAL. – La surprise a plutôt été du côté européen, radicalement non préparé à pareille transgression. Échaudés par les mensonges du général Powell à propos de l’Irak en 2003, nous n’avons pas suffisamment pris au sérieux les renseignements américains des derniers mois, concluant à un changement de régime par la force à Kiev. Surtout, nous avons sous-estimé la valeur que Poutine attache, au-delà d’une rectification de frontières, à la démilitarisation et à la neutralisation de l’Ukraine, au point d’en faire immédiatement un intérêt vital pour la Russie, ce qui justifie pour lui des prises de risque extravagantes à nos yeux. Il faut rappeler que ceux d’entre nous qui, depuis des années, insistaient sur la nécessité d’une nouvelle conférence sur la sécurité en Europe n’ont pas été suivis. Hélas! Maintenant, la guerre est là. Le spectre de l’escalade et de l’arme nucléaire la confine pour le moment en Ukraine.

Le coût de l’invasion est déjà beaucoup plus élevé que le maître du Kremlin ne l’escomptait. L’expression «opération militaire spéciale» indiquait l’espoir d’une victoire rapide et facile. Il s’est trompé tant sur les réactions extérieures que sur le sentiment identitaire ukrainien. Mais il ne reconnaîtra pas son erreur. Il dit vouloir aller jusqu’au bout de sa mainmise, au moins pour un temps, sur la totalité de l’Ukraine. Lui aussi a sa notion du «quoiqu’il en coûte», et il en coûte beaucoup. Vis-à-vis de l’Otan, Poutine a la maîtrise des premiers barreaux d’une éventuelle escalade. Il pourrait saisir n’importe quel prétexte pour nous tester. Mais l’Union européenne et l’Otan sont cohérentes et ne se laisseront pas facilement prendre au piège. Que la démocrature russe se transforme en dictature est un fait. Pour autant, on ne doit pas parler de «folie» à la légère. Ce qu’on peut redouter chez Poutine, c’est son isolement, son hubris et, par conséquent, le risque d’une énorme erreur de calcul. D’où l’importance de ne jamais perdre le contact avec lui.

Poutine n’est-il pas en train de renforcer l’Otan et l’UE, tout ce qu’il ne voulait pas?

Il faut distinguer le court, le moyen et le long termes, même si ces temporalités se recouvrent partiellement. Le court terme, c’est celui de cette guerre, de l’évolution des rapports de force au fil des jours, des réponses immédiates des divers segments de la «communauté internationale» et des réactions émotionnelles de toute nature. Le moyen terme s’ouvrira quand Poutine choisira de proclamer qu’il a atteint ses objectifs, quelle que soit la situation réelle du moment. Ce moyen terme, dominé par la diplomatie, sera plus ou moins long. Car la «victoire» du Kremlin ne sera pas décisive comme les réactions internationales et l’impressionnante résistance ukrainienne permettent de le penser. Le renforcement de l’UE est l’aspect le plus prometteur à long terme. Du moins peut-on l’espérer! Réveillés par Trump, sidérés par Poutine, plutôt rassurés par Biden, les Européens commencent à comprendre qu’ils doivent enfin prendre sérieusement leur destin en main. Mais le chemin d’une défense européenne véritablement autonome ne fait que s’entrouvrir. À court et moyen terme, notre dépendance vis-à-vis des États-Unis reste le fait dominant. Et ce sont eux qui arbitreront finalement l’éventuelle extension de l’Otan, en se plaçant dans une perspective globale, c’est-à-dire incluant la Chine.

  • Le ­talon d’Achille de la France, c’est l’économie. On ne répétera jamais assez qu’il n’y a pas de puissance sans une économie forte. Poutine lui-même finira par le comprendre, Thierry de Montbrial

L’Union européenne doit-elle accepter la demande d’adhésion de l’Ukraine?

Cette question ne se pose pas de façon opérationnelle pour l’avenir prévisible. On doit s’exprimer prudemment sur ce sujet.

Comment sortir de cette guerre?

À moins d’une escalade hors contrôle, peu probable mais possible, on devrait sortir dans les prochaines semaines des affrontements de haute intensité. Quoi qu’il en soit alors, si l’on entend par «sortie de guerre» l’établissement d’une paix durable, il faudra passer d’une manière ou d’une autre par l’élaboration d’une nouvelle architecture de paix en Europe. Cela prendra beaucoup de temps.

Quel doit être le rôle d’Emmanuel Macron et de la France?

La France a deux atouts majeurs et une immense faiblesse. L’importance de son statut de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et d’unique puissance nucléaire au sein de l’UE est plus que jamais en lumière. Et la Ve République a su dans l’ensemble conserver une autonomie de jugement dans les grandes affaires du monde. Notre talon d’Achille, c’est l’économie. On ne répétera jamais assez qu’il n’y a pas de puissance sans une économie forte. Poutine lui-même finira par le comprendre. Malgré ce handicap, nous pouvons et devons jouer un rôle important dans la prochaine phase des relations internationales, comme s’y prépare Macron en ne fermant aucune porte.

La résurgence de l’agressivité russe ne risque-t-elle pas de détourner l’Europe des menaces sur son flanc sud?

Pour moi, la question des intérêts de l’Union européenne sur son flanc sud devra être au cœur de l’élaboration de son projet d’autonomie stratégique. Il existe une relation évidente entre la sécurité du théâtre central et celle de la périphérie.

La Chine peut-elle profiter de cette «distraction»?

Je n’ai aucun doute sur la volonté de la Chine de récupérer Taïwan, mais pas au point d’y parvenir par la force dans un proche avenir. Sauf si elle se sentait directement menacée sur l’île par les États-Unis. Mais Washington cultive sur ce sujet une sage «ambiguïté stratégique». Les Chinois aspirent actuellement à un minimum de stabilité du système international. Ils profitent du pivotement de la Russie vers l’Est et, comme Poutine s’est largement mis entre leurs mains, Xi Jinping pourrait lui conseiller amicalement de ne pas déclencher une Troisième Guerre mondiale, tout en le soutenant fermement sur le non-élargissement de l’Otan. Poutine peut indirectement contribuer à empêcher que l’Otan ne se transforme en une alliance à la fois antirusse et antichinoise.

Lire l’article original dans Le Figaro

L’UE impose des sanctions aux médias publics RT/Russia Today et Sputnik, qui diffusent dans l’UE

Le Conseil a instauré aujourd’hui de nouvelles mesures restrictives en réponse à l’agression militaire non provoquée et injustifiée commise par la Russie contre l’Ukraine. En vertu de ces mesures, l’UE suspendra d’urgence les activités de diffusion de Sputnik et de RT/Russia Today (RT English, RT UK, RT Germany, RT France et RT Spanish) dans l’UE ou en direction de l’UE, jusqu’à ce que l’agression contre l’Ukraine prenne fin et jusqu’à ce que la Fédération de Russie et ses médias associés cessent de mener des actions de désinformation et de manipulation de l’information contre l’UE et ses États membres.

Josep Borrell, haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

“La manipulation de l’information et la désinformation systématiques par le Kremlin sont utilisées comme un outil opérationnel dans son agression contre l’Ukraine. Il s’agit également d’une menace importante et directe pour l’ordre et la sécurité publics de l’Union. Aujourd’hui, nous prenons une mesure importante contre l’opération de manipulation menée par Vladimir Poutine et nous fermons les vannes aux médias russes contrôlés par l’État dans l’UE. Nous avons déjà imposé des sanctions aux dirigeants de RT, y compris à la rédactrice en chef, Margarita Simonyan; il est donc logique de cibler également les activités exercées par ces organisations au sein de notre Union.”

 — Josep Borrell, haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité

Sputnik et Russia Today sont sous le contrôle permanent, direct ou indirect, des autorités de la Fédération de Russie et sont essentiels et indispensables pour faire progresser et soutenir l’agression militaire contre l’Ukraine et pour la déstabilisation des pays voisins.

La Fédération de Russie a entrepris une campagne internationale systématique de désinformation, de manipulation de l’information et de distorsion des faits afin de renforcer sa stratégie de déstabilisation des pays voisins, de l’UE et de ses États membres. En particulier, la désinformation et la manipulation de l’information ont pris pour cible de manière répétée et constante les partis politiques européens, notamment en période électorale, la société civile, les minorités ethniques et minorités de genre russes, les demandeurs d’asile et le fonctionnement des institutions démocratiques dans l’UE et dans ses États membres.

Pour justifier et soutenir son agression militaire contre l’Ukraine, la Fédération de Russie a lancé des actions continues et concertées de désinformation et de manipulation de l’information à destination des membres de la société civile dans l’UE et les pays voisins, en faussant et en manipulant gravement les faits.

Les décisions prises aujourd’hui complètent l’ensemble de mesures annoncé par le haut représentant à l’issue de la vidéoconférence des ministres des affaires étrangères de l’UE du 27 février. Cet ensemble de mesures comprend également la fourniture d’équipements et de matériels aux forces armées ukrainiennes par l’intermédiaire de la facilité européenne pour la paix, l’interdiction du survol de l’espace aérien de l’UE et de l’accès aux aéroports de l’UE pour tous les types de transporteurs russes, ainsi que l’interdiction des transactions avec la Banque centrale russe et l’exclusion de certaines banques russes du système SWIFT.

L’Union européenne condamne avec la plus grande fermeté l’agression militaire non provoquée et injustifiée commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine et appelle la Russie à cesser immédiatement ses actions militaires, à retirer sans condition toutes ses forces et tous ses équipements militaires de la totalité du territoire ukrainien et à respecter pleinement l’intégrité territoriale, la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine à l’intérieur de ses frontières reconnues au niveau international.

Les actes juridiques correspondants ont été publiés au Journal officiel (voir lien ci‑dessous).

Lire l’article original sur le site du Conseil européen et du Conseil de l’Union européenne

Richard Haass: Perspective on Ukraine

In this special episode, Why It Matters sits down with CFR President Richard Haass to ask the basic questions about the war in Ukraine, Russian President Vladimir Putin’s frame of mind, and his threat to world order.

Putin’s invasion of Ukraine shocked the world. His brazen brutality prompted tremendous backlash and an international debate about what to do. Simultaneously, Ukraine’s courage inspired and revitalized its Western allies. But as the Russian military intensifies its assault, Ukraine’s future is still unknown.

So, how did it come to war? To understand the conflict, Why It Matters Host Gabrielle Sierra turns to CFR President Richard Haass to discuss motivations, misassumptions, nuclear threats, and the potential for a new era of global instability.

Listen to the podcast on the site of the Council on Foreign Relations.

Kevin Rudd Says More…

TotalEnergies puts construction group close to Kagame on Mozambique LNG short list

The Rwandan company has joined, at the last minute, the list of firms bidding to carry out preparatory work at the site of the Mozambique LNG project. French major TotalEnergies has a debt to pay to Rwanda for its role in restoring security in Cabo Delgado Province. […]

TotalEnergies chairman and chief executive Patrick Pouyanné with Rwanda's head of state Paul Kagame.
TotalEnergies chairman and chief executive Patrick Pouyanné with Rwanda’s head of state Paul Kagame. © Twitter/@UrugwiroVillage

Issue dated 01/03/2022

Read the original article on Africa Intelligence

Philippe Chalmin : Guerre en Ukraine : le blé va-t-il manquer ?

La Russie et l’Ukraine représentent à elles deux près d’un tiers des exportations mondiales de blé. Mais l’Europe n’a pas grand-chose à craindre.

Recolte de ble dans la region de Krasnoyarsk. La Russie est le premier producteur mondial de ble.
Récolte de blé dans la région de Krasnoyarsk. La Russie est le premier producteur mondial de blé.© ILYA NAYMUSHIN / Sputnik / Sputnik via AFP

Par Michel Revol

Sowing the seeds in the UAE for a future of food security

The Emirates is taking big steps to tackle global food challenges

The Middle East is on the front lines of a global fight to secure a sustainable future for the world's agricultural output. AFP

With global food prices skyrocketing and millions of people going to bed hungry every night, we all have a responsibility to build more resilient, sustainable food systems. The Food, Agriculture and Livelihoods Week at Expo 2020 Dubai left decision makers with plenty to chew on. While progress in many areas was made, the challenge is clear: collectively, all nations need to enhance food security to ensure a booming population – set to hit 10 billion by 2050 – has continuous access to safe, sufficient, nutritious and affordable food. Now is the time to sow the seeds of change.

Rising food demand requires a complete rethink of agricultural production. We need to develop and implement robust new policies and innovation-driven methods to boost sustainable agriculture, enhance resilience in the face of a changing climate, and reverse biodiversity loss caused by unsustainable practices.

Enhancing food security in a way that avoids putting undue pressure on our natural resources and supports our fight against climate change is one of the areas where we can excel. The UAE’s efforts are governed by the National Food Security Strategy 2051, which aspires to position our nation at the top of the Global Food Security Index.

To translate it into reality, we have established the Emirates Food Security Council to unite public and private sector entities towards a common goal – ensuring that all citizens and residents have access to safe, sufficient, and nutritious food at affordable prices at all times.

Based on our forward-looking vision for the next 50 years, we are proactively adopting strategies to strengthen our already-world-class logistics infrastructure in preparation for potential crises. We rely on building strong partnerships to attract investments in agricultural R&D and support climate action.

To this end, we formed the Supreme Committee for Global Economic Partnerships that intends to step up economic cooperation with eight influential foreign markets as part of the Projects of the 50.

The UAE recently announced the creation of the Emirates Food Security Council. Khushnum Bhandari / The National
We are proactively adopting strategies to strengthen logistics infrastructure in preparation for potential crises

 

In this context, we recently witnessed the inception of a partnership with India aimed at establishing a food security corridor between our two countries. The move will reinforce the UAE’s position as a gateway for trade between international markets and contribute to the recovery of the global economy amid a stubborn pandemic.

Our approach to the food sector is intrinsically linked to the nation’s economic diversification and sustainable development agenda. As we set our eyes on the next 50 years of growth and human development, we are working to enhance our competitiveness in global markets, facilitate global trade and attract foreign direct investment. Farming is where our commitment to building a knowledge economy comes to life. Through R&D and digitalisation of supply chains, we work to mitigate the impacts of climate change with an innovation-led food security strategy.

The legacy of the UAE’s Founding Father, Sheikh Zayed, who championed living in harmony with nature, has contributed to the country’s affinity for sustainable agriculture. Our geographic location as a desert nation has driven our desire to develop and deploy modern technologies to tackle climate change and food insecurity. Our commitment to innovation has already yielded immense results, and that’s why consumers today can find leafy greens and vegetables grown in vertical farms proudly labelled “Made in UAE”.

To fast-track the implementation of our innovation-driven food security strategy, we have launched the Food Tech Valley in Dubai, a first-of-its kind AgTech city that intends to serve as a testbed for pioneering agricultural solutions.

In line with its deeply entrenched philosophy of forging productive partnerships for the benefit of humankind, the UAE is keen to join forces with the rest of the world to build a food-secure future for all. Last year, we teamed up with the US to launch the Agriculture Innovation Mission for Climate (AIM for Climate), a global initiative that seeks to stimulate and accelerate investment in climate-smart agriculture and food systems innovation between 2021 and 2025.

AIM for Climate has garnered a strong coalition of support that currently comprises over 140 government and non-government partners, and continues to grow. At its launch at the 26th UN Climate Change Conference (Cop26) in Glasgow, it announced an “early harvest” of $4 billion in increased investments. The Food, Agriculture and Livelihoods Week at Expo 2020 Dubai provided a stage for the first ministerial meeting of the initiative, where the partners decided to double the investment commitment target to $8bn by Cop27 this November.

We can only harness the full potential of innovation to tackle global challenges if we work together to achieve our common goals. Our current efforts herald a new era of collaboration that will enable us to make great strides in enhancing food security, advancing sustainable development, and combating climate change. The Food, Agriculture and Livelihoods Week was an opportunity to sow the seeds of change for climate-resilient, innovation-driven food security.

Published: March 03, 2022, 05:00
Mariam Al Mheiri

Mariam Al Mheiri

Mariam Al Mheiri is the UAE Minister of Climate Change and Environment and Minister of State for Food Security

Read the original article in The National

Carl Bildt : L’Accélérateur ACT salue la générosité de l’Allemagne qui s’est engagée à apporter une « juste contribution »

1 mars 2022

Le mois dernier, le Président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et le Premier Ministre norvégien, Jonas Gahr Støre – en leur qualité de coprésidents du Conseil de facilitation de l’accélérateur ACT – ont appelé 55 pays à soutenir conjointement les efforts mondiaux visant à mettre fin à la crise provoquée par la COVID-19, et à verser une « juste contribution » afin de réunir une somme de 16,8 milliards USD pour répondre aux besoins urgents des organismes de l’Accélérateur ACT et mettre fin à la crise due à la COVID-19.

Ces « justes contributions » sont calculées en fonction de la taille de l’économie nationale et de ce que le pays gagnerait grâce à une reprise plus rapide de l’économie et du commerce mondiaux.

L’engagement – annoncé aujourd’hui par le Ministre des finances Christian Lindner pendant la réunion des Ministres des finances du G7 – correspond à la « juste contribution » de l’Allemagne pour ce cycle budgétaire et il s’accompagne d’une somme supplémentaire de 253 millions USD destinée à financer des mesures complémentaires de riposte à la COVID-19 au niveau national, en plus de la mission de l’Accélérateur ACT.

Cet engagement financier indispensable renforce le soutien déjà solide que l’Allemagne apporte à l’Accélérateur ACT depuis sa création en 2020. En outre, l’Allemagne a dépassé sa juste contribution pour le cycle budgétaire 2020-2021 car elle a versé 2,5 milliards USD pour l’ensemble des domaines d’activité de l’Accélérateur ACT, une contribution vitale pour sauver des vies, protéger les systèmes de santé et éviter l’apparition de nouveaux variants dangereux.

Le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, a déclaré : « Je tiens à remercier l’Allemagne d’avoir fait preuve d’un tel leadership en s’engageant très tôt à répondre aux besoins urgents de l’Accélérateur ACT. Nous appelons les autres pays à suivre l’exemple de l’Allemagne en apportant leur juste contribution, alors que nous cherchons à mettre fin à la phase aiguë de la pandémie cette année. Ce n’est qu’en agissant ensemble que nous pourrons atteindre cet objectif. »

La répartition détaillée de l’allocation du financement aux organismes de l’Accélérateur ACT sera confirmée ultérieurement.

Les Envoyés spéciaux de l’OMS pour l’Accélérateur ACT, la Dre Ayoade Alakija et M. Carl Bildt, se sont félicités du soutien précoce apporté par l’Allemagne.

La Dre Ayoade Alakija, qui préside également l’African Vaccine Delivery Alliance (AVDA), a déclaré : « La COVID-19, la crise climatique et l’intensification des conflits sont le reflet d’une crise sanitaire multidimensionnelle qui met l’humanité à rude épreuve et exige une action d’une ampleur inédite. Nous devons suivre le principe énoncé par Paul Farmer selon lequel toutes les vies ont la même valeur, et je me félicite du soutien croissant de l’Allemagne en faveur d’un accès plus rapide aux vaccins, aux tests, aux traitements et aux équipements de protection individuelle essentiels pour lutter contre la COVID-19. »

Carl Bildt a déclaré: « Ce leadership clair de l’Allemagne est indispensable à un moment où le monde est confronté à des crises sur plusieurs fronts. Nous ne devons pas oublier que tant que l’accès aux vaccins, aux tests et aux traitements contre la COVID-19 ne sera pas équitable, la pandémie continuera de sévir. Nous espérons que d’autres pays prendront des engagements similaires dans les semaines à venir. »

Lire la déclaration originale sur le site de l’OMS.

The Ukrainian tragedy

Prince Michael of Liechtenstein at 2015 WPC

Now that Russia has invaded Ukraine, European states would be well-advised to rethink their defense strategies to prevent other devastating wars.

Cartoon (Ukraine war)

The people of Ukraine have shown great bravery and determination in the face of invading Russian forces. © GIS

Early in the morning on February 24, Russia invaded Ukraine from different directions. After initial rapid progress, the patriotic resistance of the Ukrainian forces, with extensive support from volunteers and the civilian population, managed to slow the Russian troops.

Ukraine is resisting. Russia’s blitzkrieg attempt might not work out as planned. Ukrainian volunteers – even Russian speakers – have lined up to be trained for resistance. Households in Kyiv are preparing Molotov cocktails to destroy Russian tanks in street fights. Others are donating blood to the medical services. During interrogations, Russian prisoners of war appear taken aback not to have been welcomed as liberators, but met with resistance. Ukraine deserves profound respect for its bravery and determination.

But, Ukraine’s courage notwithstanding, Russia’s military is stronger. The Ukrainian side has received diplomatic and materiel support, but no direct military assistance from NATO. Moscow insists on demilitarizing the country.

Moscow has proposed holding “peace” talks in Minsk, while Kyiv has suggested Warsaw. Preconditions are to be set by Russia – meaning they will likely be unacceptable. President Zelensky may allegedly agree to demilitarization. One hope is that Turkey will be able to negotiate a summit without preconditions.

Ukraine’s courage notwithstanding, Russia’s military is stronger.

Two weeks ago, GIS published the following statement:

“Unfortunately for Ukraine, the country is a chip in a bigger geopolitical poker game between the West and Russia. Instability in areas of Ukraine will prevent it from joining NATO, fulfilling Moscow’s strategic goals as long as it cannot obtain a commitment that the country will not accede to the alliance. The Minsk protocol, meant to end the violence in eastern Ukraine, had many inconsistencies. It might have worked in an atmosphere of consent and good faith, but not under the climate of contention that prevailed. By openly moving its troops into the breakaway Ukrainian regions, Russia has now officially contravened the Minsk agreements, which call for all foreign forces to leave the area.

The West tends to view the conflict through the prism of the Helsinki Accords, while Moscow has not forgotten the philosophy of the Yalta agreement. Both sides interpret agreements reached at the time of German unification and NATO enlargement differently.”

This is still valid. Unfortunately, the consequences of these conflicting positions, and of the West’s indecisiveness, is a wide-ranging military conflict. Ukraine needs all the help it can get.

I was wrong to doubt the United States assertions that there would be a full-scale invasion. Russia has invaded. Whatever happens this week, the situation will result in a new European security architecture emerging.

The Ukrainian lesson

Europe’s defense is weak, and many European states are unwilling to invest in their military. There is also a lack of cooperation between countries.

Today, Ukraine is paying the price for these inadequacies. Tomorrow, it could be another state. The illusion of a rule-based world order according to vaguely defined Western values has proven unrealistic. Big powers like China, Russia and Iran are not playing along. Supranational institutions like the United Nations have failed.

These issues in the European security architecture have to be acknowledged. If Europe realizes its impotence, then hopefully it can realign. The invasion of Ukraine should be a wake-up call.

By now it should be clear to everybody that Europe needs a credible defense. Improved military capabilities will also be needed to handle problematic situations in neighboring areas like North Africa and the Middle East, as well as to protect European interests worldwide. Germany especially has to realize that peace comes at a price. The European Union has proven ineffective. It is already overburdened and the present attempts to create a European budget and transfer union might prove the final nail in the coffin. The only valid reason that would justify a European budget and tax is defense.

It is possible that larger countries could enter into a closer defense collaboration within NATO, creating a European legion of sorts. Such plans have existed for a long time. To keep this structure separate from the EU would allow the United Kingdom to take part. A group consisting of France, Germany, Poland, the UK and a southern country would constitute a powerful force.

The West’s most urgent challenge is to lend all the assistance it can to Ukraine. But in the longer term, it will also have to draw lessons from the situation.

German investments in defense may convince Russia of Europe’s willingness to improve its security. Already during the 2014 crisis, we wrote that the best way to discourage Russia from further disruptions would be investing in the Bundeswehr, not sanctions. But the opposite happened.

Right now, the West’s most urgent challenge is to lend all the assistance it can to Ukraine. But in the longer term, it will also have to draw lessons from the situation.

GIS has long argued that the key to more equitable relations between Europe and Russia is not hypocritical value-driven policy but credible military deterrence and civil defense.

Read the original article on the site of GIS.

Thomas Gomart : « La Russie est passée d’une logique deguerre limitée à une logique de guerre totale »

La guerre en Ukraine et les menaces nucléaires de Vladimir Poutine visent à terroriser lesUkrainiens et à effrayer les Occidentaux. Elles percutent l’équilibre des forces à l’échelle detoute l’Eurasie, explique l’historien dans un entretien au « Monde ».
Propos recueillis par Marc Semo

L’historien Thomas Gomart. YANN LEGENDRE

Directeur de l’IFRI (Institut français des relations internationales), l’historien Thomas Gomart, auteur notamment de Guerres invisibles (Tallandier, « Texto », 2021), analyse la stratégie de Vladimir Poutine et ses répercussions sur les équilibres mondiaux.

L’invasion de l’Ukraine est-elle une « guerre totale » différente des autres conflits qui ont secoué l’est de l’Europe depuis la fin de la guerre froide ?

Sur le plan strictement militaire, elle vise à créer le « choc et l’effroi ». C’est un tournant en raison de l’ampleur des moyens militaires et de la conduite politique de la guerre. Membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, puissance nucléaire et spatiale de tout premier plan, la Russie agresse l’Ukraine dans sa totalité, huit ans après avoir annexé la Crimée et déstabilisé le Donbass.

Depuis 2014, la Russie conduit principalement des guerres invisibles, c’est-à-dire sous le niveau de la guerre, par des moyens indirects. Ce qui la caractérise désormais, c’est la combinaison entre l’hybridité – cyber à haute dose, désinformation, opérations spéciales, coercition militaire, tout enjouant la diplomatie – et l’invasion mécanisée à grande échelle de son voisin. Vladimir Poutine menace « de conséquences comme il n’en a jamais vu dans son histoire » tout pays qui se mettrait en travers de sa route. Ce faisant, le président russe délivre un message nucléaire explicite, mais attire aussi notre attention vers l’espace ou la haute mer.

Le risque est-il réel ?

Evidemment. Tout d’abord pour les Ukrainiens, qui jouent la survie de leur Etat, et leur indépendance. Ensuite, cette guerre a déjà de multiples effets, notamment de modifier la grammaire nucléaire. Pour la France, l’arme nucléaire est fondamentalement une arme de non-emploi. Or, les doctrines nucléaires d’autres pays, comme la Russie, évoluent depuis plusieurs années en envisageant des formes de bataille nucléaire, c’est-à-dire d’éventuels usages tactiques de l’arme. Cela doit aussi nous conduire à penser latéralement, c’est-à-dire envisager « ces choses que personne n’a jamais connues » évoquées par Vladimir Poutine.

En novembre 2021, la Russie a, par un tir de missile, détruit en orbite l’un de ses vieux satellites pour montrer qu’elle était prête désormais à la guerre dans ou via l’espace exo-atmosphérique. Ainsi, montre-t-elle son refus de voir son territoire scanné en permanence par les Occidentaux. Quelles seraient les conséquences de la destruction d’un nombre X de satellites qui nous rendrait aveugles et sourds ? Quelles seraient les conséquences de la coupure de, par exemple, 20 % des câbles sous-marins par où transitent les données ? On ne le sait pas.

Avez-vous été surpris par l’offensive russe ?

Je n’ai pas été surpris par l’invasion, mais par son ampleur. Le but est manifestement de terroriser les Ukrainiens pour les faire rompre immédiatement. Ce n’est pas du tout le cas. Le deuxième but est d’effrayer les Occidentaux pour les inhiber. Ce n’est pas non plus le cas. Le troisième objectif du Kremlin est d’embarquer le peuple russe dans une guerre qui n’est pas la sienne. C’est difficile d’apprécier les choses sur ce plan. Ce qui est frappant, c’est la montée en puissance et en intensité des opérations extérieures russes depuis la Géorgie. Il semblerait que le Kremlin envisage de se comporter en Ukraine comme il s’est militairement comporté en Tchétchénie ou en Syrie. La Russie rêve de reproduire la manière américaine de faire la guerre pour imposer du « changement de régime » sous les yeux des Occidentaux. Elle est, à son tour, prise par la spirale interventionniste en passant d’une logique de guerre limitée à une logique de guerre totale.

Une nouvelle phase s’ouvre-t-elle dans les relations internationales ?

Je pense que oui. C’est une crise pivot pour le système international car elle percute l’équilibre des forces à l’échelle non seulement de l’Europe, mais aussi de l’Eurasie, qui va de Brest à Vladivostok. Pour la Russie, l’Ukraine est un théâtre parmi d’autres. Le cycle des interventions occidentales s’est achevé à Kaboul en août 2021 avec la déroute américaine. Au Conseil de sécurité, l’action de la Russie n’est condamnée ni par la Chine, ni par l’Inde, ni par les Emirats arabes unis. Notons au passage que ces deux pays sont les « partenaires stratégiques » de la France dans la région Indo-Pacifique. Plus profondément, le rapprochement entre la Chine et la Russie ne peut que s’accélérer à mesure de la mise en œuvre des sanctions occidentales à l’encontre de Moscou. En voulant annexer l’Ukraine, la Russie a un besoin de plus en plus évident de la Chine, comme alternative économique, financière et technologique. La nouvelle phase est ouverte par une guerre d’invasion européenne, tristement classique, mais annonce sans doute des coalitions géoéconomiques en concurrence, ainsi qu’une réorganisation mondiale des flux maritimes, financiers et de données.

Avec une intensification des rivalités de puissances ?

Il y a une accélération de la lutte pour la suprématie mondiale entre les Etats-Unis et la Chine. Grâce à la Russie, cette dernière peut obliger Washington à avoir deux fronts ouverts : mer de Chine et mer Noire-mer Baltique. En fait, la déformation du triangle entre Etats-Unis, Chine et Russie continue à affecter indirectement les équilibres régionaux, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. A partir de 1972, Washington s’est rapproché de Pékin pour affaiblir Moscou ; depuis 2008, Moscou cherche à se rapprocher de Pékin pour affaiblir Washington. Mais il faut bien comprendre la complexité de la situation en raison des interdépendances. A l’époque de la guerre froide, les économies du bloc socialiste et des pays capitalistes n’avaient que peu de relations.

Aujourd’hui, elles sont intensément connectées en premier lieu avec la Chine et aussi avec la Russie. D’où l’importance du contrôle des bordures maritimes de cet ensemble continental. La plus grande tension s’exerce à la jointure entre l’Europe et la zone entre la Baltique et la mer Noire (pays baltes, Moldavie, Ukraine, Géorgie) limitrophe de la Russie. Côté Pacifique, ce sont la mer de Chine, Taïwan, les Corées, le Japon qui sont la zone de friction. Au passage, rappelons que l’Aukus (Australie, Royaume-Uni et Etats-Unis) se présente comme une alliance des « démocraties maritimes ». On retrouve l’opposition géostratégique entre la terre et la mer, à ceci près que la Russie et la Chine développent significativement leurs capacités navales.

Un succès de Poutine en Ukraine inciterait-il Xi Jinping à tenter une action similaire sur Taïwan, ou du moins à augmenter la pression ?

A propos de Taïwan, les Chinois disent : « Un pays, deux systèmes. » Sur l’Ukraine, Vladimir Poutine clame : « Deux pays, un seul peuple.» Sur le fond, cela veut dire la même chose : l’intégration à la loi du plus fort. Mais les calendriers sont désormais différents. Pour Pékin, la réunification n’est qu’une question de patience. Pour Poutine, c’est une opportunité d’exploiter le désarroi stratégique occidental. Autre différence : les positions diplomatiques des uns et des autres sur le dossier de Taïwan. La Chine comme la Russie veulent contrebattre l’influence occidentale au sein des organisations internationales, tout en œuvrant à des formats expurgés de cette influence. En Europe, tout se passe comme si la Chine utilisait la Russie comme bélier idéologique pour affaiblir le lien transatlantique. Mais la vigueur de la réaction occidentale est en train de rebattre les cartes au niveau global.

Les fronts d’une nouvelle guerre froide se précisent-ils ?

Ce terme me semble trompeur car il fait écho à la confrontation soviéto-américaine. A part l’OTAN, il n’y a pas de blocs militaires constitués ; se dessinent des coalitions géoéconomiques à géométrie variable, selon les segments. L’enjeu, c’est la maîtrise de l’appareil productif mondial dans un contexte d’accentuation des contraintes environnementales et d’accélération de la mise en données du monde. Il n’y a pas de remise en cause du capitalisme mondial, mais au contraire une lutte aussi brutale que diffuse entre les Etats-Unis et la Chine pour en devenir le boss.

Pourquoi l’Ukraine est-elle si importante pour Poutine ?

La culture stratégique russe, y compris à l’époque soviétique, repose sur le principe de la profondeur stratégique contre toute menace venant de l’ouest. A cela s’ajoute, depuis l’effondrement de l’Union soviétique, la crainte de voir la Russie réduite, par les puissances extérieures, aux frontières du grand-duché de Moscovie. Reconstituer ce glacis protecteur et retrouver son statut de puissance implique de reconstituer l’unité slave – la grande Russie, la petite Russie (l’Ukraine) et la Russie blanche(Biélorussie) – qui était le pilier de l’empire sous les tsars, comme à l’époque soviétique.

S’ajoute aussi une imbrication des populations et une forme de condescendance, voire de mépris, des élites russes pour lesquelles l’Ukraine est tenue par une dizaine d’oligarques totalement corrompus, et donc manipulables, ce d’autant plus aisément qu’à leurs yeux la nation ukrainienne n’existe pas. Pour le Kremlin, les aspirations démocratiques des Ukrainiens ne sont que le résultat d’opérations des services de renseignement occidentaux. La guerre est en train de leur montrer que la fraternité slave à coups de bombes oblige la nation ukrainienne à résister à tout prix pour sa survie.

Où Poutine s’arrêtera-t-il ? Va-t-il maintenant s’en prendre à la Géorgie ou la Moldavie ?

Pour l’Ukraine, il s’agit selon les mots de Vladimir Poutine de la
« démilitariser » avant de la « dénazifier ». Autrement dit, il faut la faire rompre par tous les moyens. Cependant, son rêve néo-impérial pourrait tourner au cauchemar identitaire. En écrasant les Ukrainiens, il annonce un nouveau malheur russe. C’est un idéologue réaliste qui poursuit des chimères historiques tout en recalculant en permanence le rapport de forces. Il l’a montré, il est tout à fait capable de longues pauses stratégiques. Après l’annexion de la Crimée, en 2014, et le soutien aux rebelles prorusses de l’Est de l’Ukraine, il a préparé, pas à pas, pendant huit ans, l’invasion. Tout dépend, à court terme, de la résistance ukrainienne et, à moyen terme, des effets des sanctions occidentales.

La guerre n’est jamais un processus linéaire, elle produit toujours des effets paradoxaux pour l’ensemble des belligérants. S’il réussit à installer un régime à sa botte, même si la situation demeurait instable, le message serait clairement : ce que j’ai fait en Ukraine, je peux le faire maintenant en Moldavie, en Géorgie ou en Asie centrale… Vis-à-vis des pays baltes, la situation est différente car ils sont membres de l’OTAN. Mais il tentera probablement de tester la cohésion occidentale avec des actions hostiles, cyber ou autres, tout en restant sous le seuil d’activation de l’article 5, garantissant l’assistance mutuelle, mais avec de la pression nucléaire et navale. Des pays neutres comme la Finlande ou la Suède s’en rapprochent ouvertement. Vladimir Poutine a redonné sa raison d’être à l’OTAN en Europe. Mais il ne faut jamais oublier que le Kremlin en a aussi besoin pour justifier une organisation du pouvoir ayant les forces armées et les services de sécurité pour colonne vertébrale. L’Etat russe s’est construit sur son armée.

Le pouvoir de Poutine en Russie est-il absolu ?

Il n’y a plus de séparation des pouvoirs en Russie, mais une fusion des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire. En outre, le militaire et l’économique sont sous contrôle présidentiel. La scène de la réunion du conseil de sécurité russe lundi 21 février le montrait crûment. La Russie aujourd’hui, c’est un président, tsar, historien et guébiste et quarante-neuf boyards. Ces derniers se divisent entre les quatorze membres du conseil de sécurité que l’on voyait à l’écran, humiliés, tenus à distance et les trente-cinq oligarques convoqués ensuite. Le message de Vladimir Poutine est simple : j’écris l’histoire russe et vous m’êtes tous redevables, en particulier pour vos fortunes personnelles. Chef suprême, il est hanté par l’idée de finir comme Kadhafi.

Lire l’article original sur le site du Monde.

Hubert Védrine : Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières

01/03/22 à 11:08

Hugues Le Paige Journaliste-réalisateur

“Dans cette atmopshère de guerre froide, peut-on évoquer les responsabilités occidentales dans la crise actuelle sans être taxé de suppôt de Poutine ?”, s’interroge Hugues Le Paige, journaliste et réalisateur. Ce sympathisant du PTB revient sur ce qu’il estime être une “véritable chasse aux sorcières” envers le parti d’extrême gauche.

Ukraine : pour la solidarité, contre la chasse aux sorcières (carte blanche)

© Getty

Le peuple ukrainien qui se bat contre l’agression russe a droit à toute notre solidarité et cela sans la moindre restriction. La condamnation de la guerre nationaliste et impérialiste menée en ce moment par Vladimir Poutine ne souffre aucune réticence. Cela ne se discute pas.

Faut-il pour autant accepter que l’on mène une véritable “chasse aux sorcières” à l’encontre de ceux qui s’opposent aux discours “va-t-en-guerre” d’une classe politique qui n’hésite pas à instrumentaliser la solidarité avec le peuple ukrainien pour d’évidentes manœuvres politiciennes ou électoralistes ?

On l’a vu en France avec la caricature que les candidats socialiste et écologiste ont faite des positions de Jean-Luc Mélenchon qui a le grand tort de les devancer dans la course à la présidentielle. On l’a vu en Belgique avec le déchaînement des représentants des partis traditionnels, toutes tendances confondues, à l’encontre du discours du PTB qui condamne pourtant sans équivoque la guerre menée par la Russie.

Dans cette atmosphère de guerre froide, il ne peut plus être question d’évoquer les responsabilités occidentales dans la crise actuelle sans être aussitôt taxé de suppôt de Poutine. Rappeler les menées américaines et plus largement occidentales pour pousser l’Ukraine à adhérer à l’OTAN (et ensuite, l’abandonner à son sort…) n’équivaut en rien à mettre agresseur et agressé sur le même plan ni à justifier en quoi que ce soit la politique de Moscou. Cette question est fondamentale pour la recherche d’une solution diplomatique.

Hubert Védrine, l’ancien ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand le rappelait il y a quelques jours quand il déclarait “C’était une provocation dangereuse d’annoncer l’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN (en plus sans le faire…)“. Provocation dangereuse et inutile, ajoutait Védrine dont on connaît la modération politique et la défense des intérêts européens et occidentaux.

On peut en tous cas espérer que Paul Magnette ne le joindra pas à ceux qu’il assimile désormais au souvenir du pacte germano -soviétique. Le PS est en grande difficulté face au PTB et tente de discréditer la gauche radicale en lui faisant endosser des positions qui ne sont pas les siennes. La polémique a ses exigences et le cynisme a ses ressorts. Pour répondre aux unes et aux autres, le président du PS a endossé les habits de son glorieux prédécesseur, Paul Henry Spaak qui durant des décennies fit des socialistes belges les défenseurs les plus ardents de l’atlantisme. Étrange attitude qui serait indigne si elle n’était pas d’abord ridicule de la part d’un intellectuel qui sait pourtant quelque chose de l’histoire.

Mais il ne faut pas se tromper, au-delà de cette instrumentalisation du drame ukrainien, se dessine un étrange climat ne supportant plus la moindre contestation ou critique. Le concert politique et médiatique unanimiste est à l’ordre du jour : la droite joue son rôle, les socialistes surenchérissent avec l’appui des chevaux légers de l’écologie qui en deux décennies sont passés de leur pacifisme historique à un atlantisme assumé.

L’expression de la solidarité avec le peuple ukrainien comme la condamnation sans appel de la guerre menée par la Russie ont d’autres exigences que ces rodomontades.

Lire l’article original sur le site du journal Le Vif.