Finance verte : « Notre épargne est un bulletin de vote qui construit le monde de demain »

Les financiers Bertrand Badré et François Faure appellent, dans une tribune au « Monde », à l’introduction d’un principe démocratique dans la gestion de l’épargne, afin de mieux refléter la préférence sociale pour un avenir durable.

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« Si tu veux faire rire Dieu, parle-lui de tes plans », dit le proverbe. Combien de gérants de fonds ont vu leurs plans déjoués par le Covid-19, la guerre en Ukraine ou le retour de l’inflation ; comment prendre en compte, dans les allocations d’actifs, le danger Trump, les tensions autour de Taïwan, la poussée des extrêmes droites en Europe ? Ces crises multiples sont pour certaines imprévisibles, et pour la plupart échappent à toutes les législations, en défiant parfois la raison. Nous sommes contraints de les affronter comme des poussées tectoniques.

Mais d’autres faits – le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, la raréfaction des ressources naturelles – sont connus : sur ceux-ci les Etats, les entreprises, les consommateurs et la finance peuvent agir. Ces faits-là nous obligent à une transformation de nos modes de vie : devenir plus sobres et plus solidaires. Nous n’avons pas le choix, nous sommes embarqués, comme le disait en son temps le philosophe Emmanuel Mounier (1905-1950).

A la racine de ces faits, il y a évidemment la question de la quête du profit, indispensable aux investissements pour la transformation de l’économie et défini par les normes comptables internationales. A quelques exceptions près, les entreprises labellisées B Corp, soit la plupart des grandes entreprises cotées, ne sont pas des entreprises à mission. Elles sont calées sur l’objet social de l’entreprise, qui est le profit pour les actionnaires. La responsabilité fiduciaire des représentants des actionnaires est la défense de leurs intérêts financiers. C’est l’orthodoxie.

Le profit n’est qu’un moyen

Mais nous voyons bien qu’il y a déconnexion entre cette orthodoxie et le réchauffement climatique. Un profit qui ne prend pas en compte ces contraintes est un faux profit, car il soustrait de l’argent au corps social et à la nature, sans se préoccuper de leur pérennité.

Une responsabilité fiduciaire « responsable » a donc deux faces : celle de l’objet social des entreprises (entreprises à mission) et celle des investisseurs à la recherche d’un rendement associant des critères de durabilité.

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