De conférence en sommet, un dialogue Nord-Sud qui fait du surplace

CHRONIQUE – Le sommet qui s’est tenu à Paris la semaine dernière sur une nouvelle coopération financière entre les pays du Nord et du Sud n’a pas suscité de grands élans. Une situation qui semble se répéter dans l’histoire, note Philippe Chalmin.

 

L’organisation à Paris à l’initiative d’Emmanuel Macron d’un Sommet pour un nouveau pacte financier mondial n’a suscité, au mieux à l’international, qu’un intérêt poli, et ses conclusions semblent avoir été bien maigres à l’aune pourtant de l’importance du sujet en pleine période de crises tant géopolitiques que climatiques. Quelques pays, à l’image de la Zambie, verront au moins leur sort – et leur endettement – s’améliorer. Mais nombre de sceptiques auront vu là une initiative bien dans la tradition française d’équilibre entre les grands blocs économiques.

Il y a un demi-siècle qu’un autre jeune président français, Valéry Giscard d’Estaing, au lendemain du premier choc pétrolier et de l’implosion du système monétaire de Bretton Woods, avait eu l’idée, en octobre 1974, de lancer un dialogue Nord-Sud. L’idée mit une bonne année à se concrétiser et c’est en décembre 1975 que s’ouvrit à Paris, avenue Kléber (le bâtiment est aujourd’hui un grand hôtel), la Conférence pour la coopération économique internationale (CCEI).

Le rapport du Club de Rome

Le premier choc pétrolier, mais aussi la flambée des prix de nombre de matières premières, des céréales (avec des achats… soviétiques) aux phosphates, du café au cuivre, avaient en effet modifié les grands équilibres qui avaient présidé aux Trente Glorieuses. Publié en 1972, le rapport du Club de Rome « Halte à la croissance » anticipait alors l’épuisement des ressources naturelles pour la fin du siècle. Détenteurs d’énergie et de matières premières, les pays de ce que l’on appelait le « Sud » militaient pour un « nouvel ordre économique international » (NOEI), une position que partageaient certains pays industrialisés même si les Etats-Unis, à l’image de leur secrétaire d’Etat, Henry Kissinger, ne cachaient pas leur manque d’enthousiasme.

La conférence se tint à Paris pendant dix-huit mois, alternant réunions plénières et groupe d’experts. Elle réunit 27 pays, 19 du tiers-monde et 8 pays industrialisés. La coprésidence en était assurée par un Canadien et surtout par un ministre vénézuélien, Perez Guerrero : le Venezuela était alors un des plus importants exportateurs de pétrole et un membre clé de l’Opep (les temps ont changé…).

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Retrouvez l’article complet écrit par Philippe Chalmin sur le site des Echos.